Interrogez le Palestinien moyen sur les États-Unis et, neuf fois sur 10, vous obtiendrez une moue de dégoût accompagnée d'une liste de récriminations longue comme le bras.

«L'Amérique? Qu'elle s'écroule, c'est tout ce que nous souhaitons, nous, les Arabes», assure Ahmed, croisé dans un centre commercial de Jérusalem. «Ce pays fourre son nez partout et ne provoque que des malheurs. Pas seulement chez nous, dans le monde entier.» Comme ailleurs dans le monde arabe, les États-Unis n'ont pas bonne presse dans les territoires palestiniens.

 

Plus visible que jamais durant le mandat de George Bush, le soutien des États-Unis à Israël alimente le ressentiment des Palestiniens. Ils y voient souvent l'influence du lobby juif américain, voire la preuve d'un vaste complot mondial dont ils seraient les principales victimes. «Les Juifs dirigent le monde», affirme ainsi un adolescent à la sortie d'une mosquée de Kalandya, un faubourg déshérité de Ramallah.

Mais il faut nuancer cette hostilité volontiers affichée: les relations palestino-américaines sont bien plus étroites qu'on ne l'imagine. La diaspora palestinienne s'est largement implantée aux États-Unis, où elle peut revendiquer de très nombreux exemples de réussite, dans les affaires comme à l'université. Revenus au pays, ces «Palestiniens américains» bâtissent de belles villas et créent des emplois.

Quand à la culture américaine, elle séduit au moins autant qu'en Europe. Dans les grandes villes palestiniennes, comme Ramallah, Hébron ou Naplouse, les jeunes s'habillent à la dernière mode «made in USA» et regardent en boucle les séries télévisées américaines. Un peu partout fleurissent des panneaux «USAID», qui indiquent que les États-Unis ont financé ici la réfection d'une route, là un réseau d'assainissement des eaux usées. «Beaucoup de travailleurs humanitaires américains viennent ici aider les gens et nous accompagnent dans notre développement économique», explique Hassan Barghouti, un avocat qui défend les droits des travailleurs. «Les gens font une réelle distinction entre le peuple américain et la politique du gouvernement.»

Récemment, 620 soldats d'élite palestiniens ont été formés grâce à des fonds de l'Oncle Sam. Objectif avoué: inciter les Palestiniens à épauler les Israéliens dans leur lutte contre les organisations terroristes islamistes implantées en Cisjordanie.