Le président américain et les dirigeants européens se sont entendus samedi à Camp David pour proposer, face à la crise financière, non pas un seul, mais une série de sommets, dont le premier devrait avoir lieu en novembre aux Etats-Unis.

Lors d'entretiens dans la retraite présidentielle des montagnes du Maryland (est), George W. Bush, son homologue français Nicolas Sarkozy et le président de la Commission européenne José Manuel Barroso sont convenus de consulter les autres dirigeants internationaux la semaine prochaine «avec l'idée de commencer une série de sommets pour répondre aux difficultés auxquelles est confrontée l'économie mondiale», selon un communiqué de deux pays et de la Commission.

Le premier de ces sommets, au niveau des chefs de gouvernement, devrait énoncer les principes des réformes jugées nécessaires du système financier mondial pour éviter que la crise actuelle ne se reproduise. Les suivants serviraient à appliquer les mesures décidées.

Le premier sommet aurait lieu aux Etats-Unis «peu après les élections américaines» du 4 novembre, dit le communiqué.

Selon un porte-parole de la Maison Blanche, Tony Fratto, «on peut raisonnablement s'attendre» à ce que le sommet se tienne en novembre, comme le demandait M. Sarkozy, venu avec M. Barroso pousser M. Bush au nom des Européens à accepter une vaste réforme du système financier mondial.

Avant environ trois heures d'entretiens et à l'occasion de brèves déclarations conjointes devant la presse, M. Sarkozy, dont le pays exerce la présidence tournante de l'Union européenne, avait à nouveau affirmé l'urgence l'urgence d'une conférence internationale.

«Pourquoi il faut aller vite ? Il faut aller vite parce qu'il faut rapidement stabiliser les marchés et trouver des réponses et il ne faut surtout pas que, le jour où le calme sera revenu, les mêmes refassent, dans les mêmes conditions, ce qu'ils ont fait avant», a lancé M. Sarkozy, dénonçant les fonds d'arbitrage et les paradis fiscaux.

Il avait aussi de nouveau préconisé que le sommet se tienne à New York, là où, fait-il valoir, la crise a commencé.

Face à des Européens qui se flattent d'avoir pour une fois coordonné leur action et exercé un véritable leadership face à la crise, M. Bush a conservé aux Américains leur part d'initiative en offrant, devant MM. Sarkozy et Barroso, d'accueillir la conférence sur le sol des Etats-Unis.

Les déclarations de Camp David ne semblent pas répondre, cependant, à la question sur l'ampleur d'une réforme.

Les Européens veulent une réforme réelle et complète, une sorte de nouveau Bretton Woods, du nom des accords qui gouvernent depuis 1944 la finance internationale. Ils proposent une forme de supervision mondiale des marchés, qui pourrait échoir au Fonds monétaire international.

Si le président français à proposé de construire «le capitalisme de l'avenir», M. Bush a répété qu'il était «essentiel que nous préservions les fondements du capitalisme démocratique».

M. Sarkozy a reconnu que M. Bush avait «raison de dire que la remise en cause de l'économie de marché serait une catastrophe».

«Mais on ne peut pas non plus continuer avec les mêmes causes qui produiront les mêmes effets. L'économie de marché a besoin de règles», a-t-il lancé.

M. Fratto, porte-parole à la Maison Blanche, a expliqué que si MM. Bush, Sarkozy et Barroso proposaient une série de sommets, c'est parce que le nombre des problèmes, leur étendue et le nombre de pays concernés font qu'il est «trop ambitieux» de penser que cela puisse être réglé en un seul sommet.

M. Fratto a relevé que beaucoup de gens parlaient, pour l'ordre financier international, d'une nouveau Bretton Woods, la conférence de 1944 qui a fondé le système actuel: «Bretton Woods a duré trois semaines et a impliqué 44 pays, à une époque où il y avait moins de pays dans le monde», a-t-il dit.