La course à la Maison-Blanche est de plus en plus dominée par la question raciale alors qu'un élu noir, figure de la lutte pour les droits civiques dans les années 60, a accusé ce week-end John McCain d'inciter à la haine contre Barack Obama.

Avec les attaques personnelles lancées depuis une semaine contre le candidat démocrate Barack Obama, premier Noir en position d'être élu président des Etats-Unis, le camp républicain «sème les graines de la haine et de la division», a lancé samedi John Lewis, représentant démocrate de Géorgie.

Le candidat républicain John McCain et sa colistière Sarah Palin «jouent avec le feu et, s'ils n'y prennent pas garde, ce feu va tous nous dévorer», a-t-il ajouté, rapprochant M. McCain du gouverneur ségrégationniste d'Alabama George Wallace dans les années 60.

Ses propos «avaient créé un climat de haine conduisant à la mort de quatre petites filles noires dans un attentat à l'explosif contre une église à Birmingham en Alabama» en 1963, a rappelé M. Lewis.

M. McCain a aussitôt réagi samedi, qualifiant les accusations de ce dernier «de choquantes et dépassant les bornes».

Son chef de campagne Rick Davis est revenu à la charge dimanche dans une interview sur la chaîne de télévision Fox News. «L'idée de comparer John McCain à cette haine et aux politiques ségrégationnistes prêchées par quelqu'un comme Wallace est scandaleux», a-t-il dit.

John Lewis avait publié un second communiqué samedi soir dans lequel il dit «n'avoir eu aucune intention ou désir» de directement comparer M. McCain à George Wallace.

«Mes déclarations n'étaient qu'un rappel à tous les Américains que des propos toxiques peuvent conduire à la violence», ajoutait-il, se félicitant aussi du fait que M. McCain soit intervenu vendredi pour condamner des propos violents de certains de ses partisans dans des meetings électoraux.

Lors de ces rassemblements, des républicains en colère ont proféré des insultes, et parfois des appels au meurtre à l'adresse du candidat démocrate.

Intervenant depuis son quartier-général de campagne à Arlington en (Virginie, est), près de Washington, le candidat républicain a tenté dimanche de calmer le jeu: «Je respecte le sénateur Obama, a-t-il répété. Nous mènerons une campagne respectueuse et nous ferons en sorte que tout le monde fasse de même et cela est important».

Malgré la campagne de dénigrement du ticket McCain-Palin, M. Obama conserve une avance respectable dans les sondages, même si l'écart se réduit légèrement. Selon un sondage Gallup publié dimanche, il devance son rival républicain de sept points à 50% contre 43%.

La tournure prise par la campagne de M. McCain préoccupe par ailleurs les cadres du parti républicain. «On commence à ressentir une véritable frustration car il reste peu de temps (avant l'élection du 4 novembre). Et le message de la campagne, notre message, ne passe pas», a déploré Saul Anuzis, président du parti républicain du Michigan, cité dans le New York Times.

Dimanche, les deux candidats se préparaient au troisième et dernier débat présidentiel, qui aura lieu mercredi à l'Hofstra University (New York), laissant à leurs troupes le soin de battre la campagne.

Côté démocrate, l'ancien président Bill Clinton et son épouse Hillary étaient ensemble pour la première fois pour soutenir M. Obama, lors d'un meeting à Scranton (Pennsylvanie), avec son colistier le sénateur Joe Biden.

M. Clinton a appelé ceux qui avaient soutenu Hillary dans les primaires démocrates à soutenir M. Obama.

«Si vous vous demandez qui a les meilleurs idées, les meilleurs réflexes, la meilleure capacité à comprendre les problèmes et a la meilleure équipe, la réponse est Barack Obama», a lancé M. Clinton devant des milliers de personnes.