John McCain tente de séduire l'électorat féminin dont le choix s'est avéré déterminant lors des derniers scrutins.

Mais l'écart en faveur de Barack Obama est si grand dans les sondages que cette tentative apparaît tardive.

Un sondage Wall Street Journal/NBC News, publié cette semaine, indique que 51% des femmes affirment vouloir voter pour le démocrate, contre 41% qui préfèrent le sénateur de l'Arizona.

En campagne lundi dans les Etats clefs de Pennsylvanie (est) et de l'Ohio (nord), M. McCain a insisté sur des points de son programme susceptibles de toucher les femmes: l'assurance-santé et l'accession à la propriété. De récentes études ont indiqué que ces deux sujets étaient considérés comme les plus importants pour le choix d'un candidat, de la part des femmes ne se revendiquant ni du parti démocrate ni du parti républicain.

«Le rêve de posséder une maison ne doit pas disparaître sous le poids du remboursement de mauvais prêts immobiliers», a dit M. McCain en revenant sur son projet de racheter les emprunts douteux des particuliers (les célèbres «subprime»), pour tenter de mettre fin aux saisies.

La question de l'accès à la propriété est «un sujet pressant pour nous tous et spécialement pour les électrices n'appartenant à aucun parti», a souligné le président du parti républicain, Mike Duncan.

Des responsables de l'équipe de campagne de M. McCain ont fait remarquer que le plan proposé mardi par le candidat républicain était proche d'une proposition avancée durant les primaires démocrates par... Hillary Clinton.

Ce rappel n'est pas dû au hasard. Depuis le retrait de la course de Mme Clinton, le camp républicain essaie de capitaliser la rancoeur d'une partie des électrices déçues par l'élimination de la sénatrice de New York.

Le choix de prendre comme colistière Sarah Palin, qui pourrait devenir la première vice-présidente des Etats-Unis, si M. McCain remporte l'élection le 4 novembre, visait explicitement à séduire cet électorat.

«Hillary a fait 18 millions de fissures dans le plafond de verre (qui empêche les femmes de monter dans la hiérarchie). Mais les femmes d'Amérique n'en ont pas encore terminé. Nous pouvons briser ce plafond une fois pour toute», a dit mercredi Mme Palin au cours d'un meeting dans l'Ohio, en référence aux 18 millions de voix recueillies par Mme Clinton durant les primaires.

Mais si sa nomination sur le «ticket» républicain a d'abord suscité un certain engouement dans l'électorat féminin, tous les sondages s'accordent pour dire que l'effet Palin est désormais quasi-nul parmi les électrices. Mme Palin est plus populaire chez les hommes que chez les femmes.

Les études ont montré que la majorité des femmes qui soutenaient Mme Clinton étaient favorables au droit à l'avortement et à la création d'une assurance-santé universelle, deux thèmes combattus par Mme Palin.

Les électrices «ont pu être intéressées par le choix d'un femme (sur le ticket républicain) mais elles votent en fonction des programmes», observe Celinda Lake, une experte des questions électorales.

Lors du débat télévisé de mardi, M. Obama s'est montré plus spécifique sur le sujet de l'assurance-santé, évoquant le remboursement des mammographies ou des frais de maternité. Des mots jamais entendus dans la bouche de M. McCain.