Voilà deux ans, le mouvement pro-vie a connu un cuisant revers au Dakota-du-Sud. Une loi bannissant tous les avortements a été battue par 56 % des voix.

C'était la première fois en 33 ans que des Américains pouvaient se prononcer démocratiquement sur la légalité de l'avortement. Le mouvement pro-choix a crié victoire.

 

L'euphorie a été de courte durée. Un nouveau référendum cherchera en novembre à imposer une loi interdisant tous les avortements, sauf ceux qui sont rendus nécessaires à la suite d'un inceste, d'un viol ou d'une menace grave à la santé de la future mère.

La loi, qui serait probablement invalidée par la Cour suprême actuelle, a de très bonnes chances d'être appuyé par la population de ce petit État de 800 000 habitants. Une victoire permettrait au mouvement pro-vie d'appuyer sur des bases solides sa conviction que la volonté démocratique des Américains est bafouée par les règles actuelles sur l'avortement. Celui-ci a été légalisé par la Cour suprême en 1973 avec la célèbre décision Roe c. Wade. Avant 1973, seulement une vingtaine d'États l'avaient permis, quoique les autres faisaient généralement une exception lorsque la vie de la mère était en danger.

« Nos sondages internes montrent que nous menons 49 % contre 41 % «, affirme Allan Parker, président de Justice Foundation, un organisme pro-vie du Texas qui a dépêché des militants au Dakota-du-Sud. « Personnellement, je pense que l'avortement ne devrait jamais être permis, mais il faut tenir compte de l'opinion de la majorité. Avec quelques années d'éducation, il sera peut-être possible d'éliminer les exceptions. «

Sondage national

L'automne dernier, un sondage national avait montré que 47 % des Américains voudraient que l'avortement soit interdit, ou limité aux trois exceptions prévues par la loi du Dakota-du-Sud. Comme il s'agit d'un État plus conservateur que la moyenne, cette proportion y est probablement plus élevée.

« Le seul espoir des pro-choix est que les plus conservateurs n'aillent pas voter, ou votent carrément contre la loi parce qu'ils n'aiment pas les exceptions «, dit Robert Burns, politologue à la retraite de l'Université d'État du Dakota-du-Sud. « Certains pro-vie modérés pourraient aussi être indisposés par les restrictions des exceptions. Par exemple, une victime d'inceste doit consentir à un test de paternité pour faciliter les poursuites criminelles. Et les exceptions médicales sont limitées aux dommages graves et irréversibles aux principaux organes. Une maladie chronique ne suffit probablement pas. «