Le fait est assez rare pour être relevé: le débat de ce soir entre les candidats à la vice-présidence américaine, Joe Biden et Sarah Palin, est aussi attendu que celui de la semaine dernière entre McCain et Obama. Parce que le premier est une perpétuelle machine à gaffes, et que la seconde lutte contre une réputation grandissante de vacuité. Les Américains ne devraient pas s'ennuyer, ainsi à l'affût de la moindre erreur.

Sarah Palin n'aura pas de mal à surpasser les attentes ce soir face à Joseph Biden. À en juger par les moqueries dont elle fait l'objet dans les médias, elle n'aura qu'à enfiler quelques phrases un peu sensées pour sortir gagnante.

Or la gouverneure d'Alaska a déjà démontré qu'elle pouvait tenir tête à des adversaires beaucoup plus expérimentés qu'elle. Dans la campagne qu'elle a menée en 2006 pour obtenir son poste actuel, elle avait participé à six débats télévisés, affichant une confiance qui n'a pas échappé au camp Obama.

«Quiconque a vu un de ces débats devrait être impressionné par ses qualités de débatteur», a déclaré David Plouffe, directeur de campagne de Barack Obama. «Elle a offert de très bonnes performances.»

La déclaration de David Plouffe faite suite à une série d'interviews télévisées embarrassantes pour la colistière de John McCain. Loin d'être impressionnante, elle a paru incohérente en parlant notamment de son expertise en matière de politique étrangère et du plan de sauvetage du secteur financier.

«J'espère sérieusement que les gens continueront à sous-estimer la gouverneure la plus populaire d'Amérique», a confié un conseiller de John McCain au New York Times sous le couvert de l'anonymat.

Le rival de Sarah Palin, Joseph Biden, fera face à une tâche délicate. Son expérience ne fait certes pas de doute, mais son ton parfois autoritaire et condescendant pourrait lui nuire, surtout contre une femme.

«Son objectif sera d'ignorer Palin et de se concentrer sur les électeurs qui suivront le débat», a dit Christopher Lahane, ex-conseiller d'Al Gore lors de la campagne présidentielle de 2000.

«S'il a un ton juste, il ne peut perdre ce débat.»

Tenu un jeudi soir, le débat vice-présidentiel pourrait avoir un plus vaste auditoire que le premier face-à-face télévisé entre John McCain et Barack Obama, qui a attiré, vendredi soir dernier, quelque 52 millions de téléspectateurs.