Le président George W. Bush a averti mardi que les conséquences pour l'économie des États-Unis seraient «douloureuses et durables» si le Congrès n'adoptait pas le plan de sauvetage du secteur bancaire américain, rejeté la veille par la chambre des représentants. De leur côté, l'Europe et l'Asie ont appelé Washington à trouver une solution rapide pour la stabilité du système financier mondial.

À la Maison-Blanche, M. Bush s'est déclaré déçu par le rejet surprise du plan de sauvetage par la chambre lundi tout en rappelant que ce vote ne marque pas «la fin du processus législatif». «Le Congrès doit agir», a insisté le président.M. Bush a souligné que sans l'adoption rapide d'un plan de sauvetage, «les dommages économiques seront douloureux et durables» pour le pays.

«Je reconnais que c'est un vote difficile pour les membres du Congrès, a-t-il ajouté. Mais la réalité est que nous sommes dans une situation d'urgence et les conséquences (de la crise) vont s'aggraver chaque jour qui passe si nous n'agissons pas.»

Malgré les appels pressants du président américain et de responsables des partis démocrate et républicain, la Chambre des représentants a rejeté lundi le plan de sauvetage de 700 milliards de dollars présenté par l'administration Bush. Quelques heures plus tard, les chefs de file de l'assemblée ont convoqué une nouvelle séance pour jeudi avec l'espoir d'un nouveau vote ou de la mise au point d'ici là d'un nouveau plan d'urgence.

Dans le sillage du vote, Wall Street a enregistré une chute sans précédent lundi, le Dow Jones enregistrant la plus forte baisse en points, 778, de son histoire. «La chute spectaculaire sur le marché boursier que nous avons vue (lundi) va avoir un impact sur l'épargne-retraite, les fonds de pension et les économies personnelles de millions» d'Américains, a prévenu M. Bush.

La Bourse de New York s'est ressaisie mardi, et l'indice Dow Jones était en hausse de 2,4 pour cent à 10 618,49 points en milieu de journée.

Le candidat républicain à l'élection présidentielle John McCain et son rival démocrate Barack Obama ont chacun de leur côté exhorté mardi le Congrès à redoubler d'efforts pour parvenir à un accord sur le plan et préconisé que l'assurance fédérale des dépôts bancaires soit augmentée pour passer de 100 000 $ à 250 000 $.

Les deux candidats à la présidentielle de novembre ont également eu une conversation téléphonique «très constructive» avec M. Bush, a précisé un responsable de la Maison-Blanche.

L'Union européenne a appelé les États-Unis à «prendre leurs responsabilités (...) dans leur propre intérêt et celui du monde», par la voix de Johannes Laitenberger, porte-parole de la Commission européenne. L'UE, a-t-il souligné, compte sur l'adoption rapide du plan de sauvetage. La chancelière allemande Angela Merkel a également appelé les parlementaires américains à approuver rapidement le plan.

En Asie, les dirigeants de la région tenaient des propos similaires. «C'est une mauvaise nouvelle», a déclaré le premier ministre australien Kevin Rudd à propos du rejet du plan. «Le résultat a un impact majeur non seulement sur l'économie américaine mais aussi sur l'économie mondiale», a réagi de son côté le ministre japonais de l'Économie Kaoru Yosano, qui a appelé Washington à renégocier un plan viable.

La plupart des bourses asiatiques ont accusé le coup mardi, ouvrant en forte baisse dans la crainte d'une propagation de la crise, même si certains marchés de la région ont ensuite rebondi. Hong Kong, après un mauvais départ, a ainsi fini en légère hausse. Mais au Japon, l'indice Nikkei 225 a chuté de 4,12 pour cent, tandis que la Bourse néo-zélandaise clôturait en baisse à 3,1 pour cent et que son homologue australienne abandonnait 4,3 pour cent.

Les marchés européens ont connu une journée contrastée. À Paris, le CAC 40 après avoir oscillé entre hausse et baisse a finalement clôturé sur un gain de 1,9 pour cent. À Londres, le FTSE 100 a également terminé la journée sur une hausse de 1,74 pour cent après avoir perdu jusqu'à 3 pour cent en début de séance.

M. Bush a promis que son administration allait travailler avec les dirigeants du Congrès pour remettre le projet de renflouement sur de bons rails. Le plan de sauvetage vise à racheter les créances et actifs invendables des banques et d'autres établissements financiers, le tout avec l'argent du contribuable.