Le vaudeville qu'est maintenant la campagne électorale américaine s'est transporté à la Maison-Blanche, hier, où Barack Obama et John McCain ont participé à une rencontre au sommet avec le président Bush et des élus des deux partis. Tout le monde a quitté la table sans qu'une entente pour renflouer Wall Street n'ait été annoncée.

À l'issue de la rencontre, Barack Obama a laissé entendre que l'exercice avait nui aux négociations.

«Injecter de la politique présidentielle dans les discussions peut ralentir le processus, a-t-il dit sur CNN. Nous pouvons faire plus de progrès quand les caméras sont fermées. C'est pour cette raison que John McCain et moi devons être très prudents dans la façon dont nous intervenons dans le dossier.»

 

En après-midi, pourtant, les principaux négociateurs du Congrès avaient annoncé qu'une entente de principe était à portée de main. Or, il est devenu clair, hier soir, que des élus républicains s'opposent au plan. Ceux-ci sont maintenant en guerre ouverte contre le président, qui est d'avis qu'une entente de renflouement de Wall Street est urgente. Plusieurs sources ont dit que Henry Paulson, le secrétaire du Trésor, était «furieux» de la tournure des événements.

Hier, le président du Comité sénatorial sur les affaires bancaires, Christopher Dodd, a accusé McCain de ralentir les négociations. «Notre rôle est de sauver l'économie, pas de sauver la campagne de John McCain, a-t-il dit. Cela fait perdre du temps aux gens sérieux qui font un travail sérieux pour trouver une solution.»

En soirée, McCain a dit qu'il s'opposait à certaines mesures du plan de renflouement. «C'est un plan de 700 milliards de dollars, ce qui en fait le plus coûteux de notre histoire. Plusieurs personnes ne sont pas à l'aise avec ça, et c'est légitime», a-t-il dit.

Débat en jeu

McCain a fait un coup d'éclat, mercredi, en annonçant la suspension de sa campagne le temps qu'un plan de sauvegarde soit adopté. Il a aussi demandé que soit annulé le premier débat avec Barack Obama, qui doit avoir lieu ce soir au Mississippi.

Hier, Obama a répété qu'il comptait se présenter au débat, que McCain y soit ou non. Le candidat entend répondre aux questions des modérateurs, puis à celles de l'auditoire.

«Le président des États-Unis doit faire plus d'une chose à la fois, a dit Obama. Je compte être au débat demain, car je trouve qu'il est important de suivre le processus.»

La question du sort du débat a pris des proportions importantes dans les médias, hier. Un sondage de la firme Survey USA a révélé que 75% des Américains souhaitent que le débat ait lieu comme prévu.

Au moment de mettre sous presse, l'équipe de John McCain continuait d'affirmer qu'il ne serait au débat que si une entente sur le plan de renflouement était adoptée.

Campagne suspendue?

La suspension de la campagne de McCain était difficile à percevoir, hier. Le candidat était sur toutes les tribunes, et son personnel travaillait comme à l'accoutumée.

En matinée, plusieurs des représentants de la campagne de McCain se sont exprimés dans les émissions des grands réseaux. Toute la journée, des citoyens de partout aux États-Unis ont signalé que les publicités de la campagne McCain étaient diffusées sur les réseaux locaux, comme d'habitude. Hier soir, McCain lui-même a donné des entrevues en direct à trois stations de télé.

Hier, le site progressiste Huffington Post a téléphoné dans 15 bureaux régionaux de la campagne de McCain. Chaque fois, on a répondu que la campagne battait son plein et que les bénévoles étaient à l'oeuvre.

Pour joindre notre journaliste: nicolas.berube@lapresse.ca