Les États-Unis ont réclamé jeudi un rapport complet sur les accusations lancées à l'encontre de la Syrie soupçonnée d'avoir construit un complexe nucléaire clandestin à Al-Kibar dans le nord-est du pays, au dernier jour de la réunion d'automne du conseil des gouverneurs de l'AIEA.

Gregory Schulte, le représentant américain auprès de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), a demandé un «rapport complet au cours de la réunion du conseil des 35 gouverneurs de l'agence en novembre».Ce rapport devrait «fournir des détails écrits sur l'état de l'enquête en Syrie et sur le degré de coopération des Syriens avec les enquêteurs», d'après une déclaration de M. Schulte devant le conseil, dont l'AFP a obtenu une copie.

Selon Washington, ce complexe nucléaire a été construit par les Syriens avec l'aide de la Corée du Nord et ressemble au réacteur de type soviétique dont est doté le complexe controversé de Yongbyon, à une centaine de kilomètres de Pyongyang, qui a produit du plutonium pour des armes atomiques.

Toujours aux termes des accusations américaines, le centre d'Al-Kibar, qui a été détruit par l'aviation israélienne en septembre 2007, n'était pas conçu pour la production d'électricité. De plus, il se trouvait dans un désert loin de toute population civile et ne convenait pas non plus à la recherche nucléaire.

Enfin, les Américains ont affirmé qu'avant sa destruction, qui entrave sérieusement le travail des enquêteurs, ce réacteur était sur le point d'être opérationnel.

Damas a accepté en juin la venue d'une équipe de trois inspecteurs de l'AIEA sur le site d'Al-Kibar mais refuse depuis toute nouvelle mission d'enquête ainsi que des visites d'autres sites et a qualifié les accusations américaines «d'absurdes».

Le directeur général de l'agence onusienne, Mohamed ElBaradei, avait déclaré lundi dans son discours d'ouverture de la réunion du conseil des gouverneurs : «les échantillons rapportés de ce site sont toujours examinés par l'agence, mais jusqu'à présent nous n'avons pas trouvé d'indices de quelque matériel nucléaire que ce soit».

Il avait ajouté avoir demandé en juillet à la Syrie «l'accès à des informations et à des sites supplémentaires».

L'ambassadeur d'Australie auprès de l'AIEA, Peter Shannon, a lui regretté jeudi «que la Syrie n'ait toujours pas répondu à la demande de l'agence de pouvoir effectuer d'autres visites et obtenir davantage d'informations».

Le Mouvement des pays non-alignés, qui regroupe plus de 100 pays et inclut l'Afrique du Sud, l'Inde, Cuba, l'Egypte et l'Algérie entre autres, a une nouvelle fois condamné jeudi l'attaque aérienne israélienne contre le centre d'Al-Kibar.