Le Premier ministre indien Manmohan Singh est parti lundi pour une tournée de dix jours aux Etats-Unis et en France où il devrait boucler deux accords bilatéraux de coopération dans le nucléaire civil.

Avant de quitter New Delhi pour Francfort, où il fera escale lundi soir, M. Singh a dit «espérer des discussions complètes» avec le président américain George W. Bush, notamment sur notre initiative dans le nucléaire civil». Il a aussi exprimé sa «confiance pour renforcer avec la France (...) la coopération dans le nucléaire civil».

En fait, «nous devrions considérer comme acquise la signature de l'accord dans le nucléaire avec la France» le 30 septembre à Paris, a décrypté Lalit Mansingh, ancien ambassadeur d'Inde aux Etats-Unis, aujourd'hui à la retraite.

Des responsables indiens et français laissent entendre depuis dix jours que ce document sera normalement signé à l'occasion de la venue de M. Singh pour le sommet Inde-Union européenne à Marseille le 29 septembre suivi le lendemain d'entretiens à Paris avec le président Nicolas Sarkozy.

Ce pacte est prêt depuis la visite d'Etat en Inde en janvier de M. Sarkozy.

La France a été «depuis dix ans un soutien sans faille pour cet accord nucléaire», a estimé Kanwal Sibal, ex-ambassadeur d'Inde en France, rappelant que Paris s'était opposé aux sanctions internationales imposées à son pays en 1998 --et levées depuis-- pour ses essais atomiques en mai de cette année-là.

Avant la France, M. Singh participera dès mardi à l'assemblée générale des Nations unies à New York avant d'être reçu le 25 septembre par le président Bush à la Maison Blanche, pour, normalement, apposer les derniers paraphes à leur accord indo-américain dans le nucléaire civil datant de 2005.

D'ici là, l'Inde espère que le Congrès américain aura ratifié ce texte, pierre angulaire du rapprochement entre les deux pays. Certes, le calendrier est «très serré», relève M. Mansingh, puisque la session du Congrès s'achève vendredi avant l'élection présidentielle du 4 novembre, mais «cela ne semble pas impossible».

Un sénateur démocrate, Chris Dodd, a jugé «judicieux d'approuver cet accord ce mois-ci, plutôt que l'année prochaine».

Le 6 septembre à Vienne, le Groupe des 45 pays fournisseurs nucléaires (NSG), qui contrôle les exportations de ces technologies, avait validé ce pacte dit «123» permettant aux Etats-Unis de vendre à l'Inde des réacteurs nucléaires ou du combustible.

Le NSG a de facto levé un embargo international vieux de 34 ans sur le commerce nucléaire avec l'Inde, qui n'est pas partie au Traité de non-prolifération (TNP), mais qui est une puissance atomique militaire depuis son premier essai en 1974.

Après le feu vert en juillet de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), la communauté internationale offre un régime dérogatoire à New Delhi, puisqu'en principe le NSG interdit tout commerce nucléaire avec les Etats non signataires du TNP.

En contrepartie, l'Inde séparera ses programmes nucléaires militaire et civil et placera sous contrôle international 14 de ses 22 réacteurs.

Elle dispose aussi d'un accord prêt avec la Russie, son partenaire historique, qui équipe déjà une centrale dans l'Etat du Tamil Nadu (sud).

Le marché du nucléaire en Inde est évalué à 100 milliards de dollars d'investissements d'ici à 2030 et New Delhi cherche les meilleures technologies à des prix concurrentiels.

En août, l'agence atomique d'Inde avait présélectionné l'américain Westinghouse Electric Company, l'alliance américano-japonaise General Electric-Hitachi, le français Areva et l'agence d'énergie atomique russe Rosatom. «Areva est en négociations sérieuses» pour un accord commercial, a assuré récemment à l'AFP le ministre adjoint à l'Industrie, Ashwani Kumar.

M. Singh doit retourner à New Delhi le 2 octobre.