Les autorités mozambicaines ont présenté jeudi à Maputo le débris d'avion retrouvé sur ses côtes par un touriste américain et qui pourrait être une nouvelle pièce du Boeing 777 du vol MH370 de la Malaysia Airlines disparu il y a presque deux ans.

«Il est très difficile pour n'importe quel enquêteur de confirmer à quel type d'avion cette pièce appartient», a déclaré Joao de Abreu, le président de l'Institut d'aviation civile du Mozambique (IACM), en présentant le débris lors d'une conférence de presse à Maputo.

Les mots «no step» (ne pas marcher) sont inscrits sur ce débris qui fait 57 cm sur 90 cm et qui est fabriqué dans un matériau «très utilisé en aviation», selon Joao de Abreu.

Le débris a été confié à l'IACM mercredi par Blaine Gibson, un touriste américain, avocat de profession, qui enquête à titre personnel sur la disparition du vol MH370.

Blaine Gibson affirme avoir trouvé la pièce près de la station balnéaire mozambicaine de Vilankulo (sud-est).

Joao de Abreu s'est voulu prudent sur son origine.

«L'océan Indien a été le lieu ces derniers temps de plusieurs accidents d'avion, notamment d'un Boeing 747 de South African Airways (en 1987), ou encore d'un Airbus A310 près des Comores (en 2009). Il pourrait s'agir de n'importe lequel de ces avions», a déclaré le président de l'IACM.

Il a néanmoins précisé qu'aucun avion enregistré au Mozambique, ou ayant emprunté l'espace aérien mozambicain, n'avait jamais fait état d'une pièce perdue en vol.

Mercredi, le ministre malaisien des Transports, Liow Tiong Lai, avait lui déclaré à Kuala Lumpur qu'il était «fort probable que le débris retrouvé au Mozambique provienne d'un Boeing 777», le type d'appareil qui effectuait le vol MH370.

Joao de Abreu a confirmé avoir été contacté par les autorités malaisiennes et par le Bureau australien d'investigation des accidents. Il a cependant indiqué qu'aucune décision concernant le transfert de la pièce n'avait encore été prise, contredisant les propos tenus par le ministre australien des Transports, Darren Chester, qui avait affirmé que le débris allait être envoyé en Australie pour y être analysé.

Le 8 mars 2014, 239 passagers et membres d'équipage avaient pris place à bord de l'appareil des Malaysia Airlines à Kuala Lumpur, destination Pékin. Sa disparition reste l'un des plus grands mystères de l'histoire de l'aviation civile.

À ce jour, seul un fragment d'aile de l'appareil a été retrouvé en juillet 2015 sur l'île française de La Réunion, dans l'océan Indien, mais les conditions de la disparition du Boeing 777 demeurent mystérieuses.

L'Américain qui a trouvé le débris

L'enquêteur amateur américain à l'origine de la découverte du débris d'avion sur la côte mozambicaine s'est voulu prudent jeudi sur l'origine de la pièce.

«Je suis très heureux d'avoir fait cette découverte», a déclaré à l'AFP Blaine Gibson, avocat de profession qui réside à Seattle.

«Nous ne savons pas ce qu'est cette pièce, ni à quel avion elle appartient. Elle doit aller en Australie pour être analysée», a-t-il ajouté depuis l'aéroport de Maputo où il s'apprêtait à prendre l'avion.

«Je voyageais en simple touriste (au Mozambique), mais je m'intéresse à la recherche des pièces et des personnes qui pourraient savoir quelque chose» sur ce qui s'est passé à bord du vol MH370, a-t-il expliqué.

Le débris retrouvé «est désormais entre de bonnes mains (celles des autorités mozambicaines) et Joao de Abreu (président de l'Institut d'aviation civile du Mozambique, IACM) a absolument raison d'être prudent parce qu'il y a trois avions qui se sont écrasés dans la région», a-t-il encore dit.

Blaine Gibson a raconté avoir trouvé le débris sur un banc de sable près de la station balnéaire mozambicaine de Vilankulo (sud-est), située à environ 2100 kilomètres de l'île française de La Réunion, où un fragment d'aile du vol MH370 avait été découvert en juillet 2015.

Il a expliqué à CNN être fasciné par ce drame sur lequel il tient un blogue. Il s'est notamment rendu en Malaisie et aux Maldives pour essayer de recueillir des informations. «J'ai assisté à la cérémonie de commémoration» de l'écrasement en 2015 à Kuala Lumpur «et ça m'a donné envie de continuer à chercher la vérité.»

PHOTO THEHUNTFORMH370.INFO

Blaine Gibson

Appel ému de familles de victimes

Des proches des passagers du Boeing 777 du vol MH370 ont appelé avec émotion les autorités à poursuivre sans limites de temps les recherches qui doivent s'achever bientôt.

L'Australie, qui dirige les recherches dans l'océan Indien, devrait conclure d'ici au mois de juillet ses opérations concentrées dans les profondeurs d'une zone délimitée où pourrait se trouver l'épave. Les autorités prévoient de mettre un terme aux recherches si rien n'est retrouvé d'ici là.

Mais le collectif de familles de victimes Voice370 a publié jeudi un communiqué demandant aux pays impliqués dans les recherches de ne pas cesser les opérations tant que quelque chose n'aura pas été retrouvé.

«Voice370 recommande avec insistance aux autorités de poursuivre les opérations dans la zone de recherche actuelle. Nous pensons qu'elles ne devraient pas jeter l'éponge, clore cette affaire et simplement la considérer comme un mystère insoluble», souligne le collectif.

La douleur des familles ne s'est pas apaisée après deux années «agonisantes», ajoute Voice370, en soulignant les «blessures profondes causées par la perte» de proches et le fait de «ne pas savoir».

Ces déclarations interviennent après peu après l'annonce mercredi de la découverte sur une côte de l'Est de l'Afrique, au Mozambique, d'un débris d'avion qui pourrait provenir du Boeing 777 de Malaysia Airlines.