La France doit déployer vendredi matin de nouveaux moyens de recherche au large de La Réunion après la confirmation par la Malaisie que le fragment d'avion trouvé sur cette île de l'océan Indien provenait bien du vol MH370 disparu il y a 17 mois.

Un aéronef survolera la zone dès «demain matin» (vendredi), avaient indiqué jeudi dans un communiqué commun les ministres français de la Défense, des outre-mer et des Transports, précisant que des «patrouilles à pied, missions d'hélicoptères de recherches et de brigade nautique» seront aussi menées pour détecter la présence éventuelle de nouveaux débris.

La Malaisie a annoncé jeudi que le fragment d'avion trouvé le 29 juillet sur une plage de l'île française de la Réunion provenait bien du Boeing de Malaysia Airlines disparu le 8 mars 2014, première preuve que l'appareil s'est abîmé dans l'océan Indien, suscitant l'espoir de résoudre l'une des plus grandes énigmes de l'aviation.

Les autorités australiennes, qui dirigent les opérations internationales pour retrouver l'avion parti de Kuala Lumpur pour Pékin avec 239 personnes à bord (vol 370), se sont déclarées à nouveau persuadées de le chercher au bon endroit.

La découverte du fragment d'aile «semble bien montrer que l'avion s'est abîmé, plus ou moins là où l'on pensait qu'il était tombé, et cela montre pour la première fois que nous sommes peut-être un peu plus près de résoudre ce mystère déconcertant», a déclaré le premier ministre australien, Tony Abbott.

Quelques heures d'analyses ont suffi aux experts réunis dans un laboratoire militaire près de Toulouse (sud-ouest de la France) pour confirmer que ce fragment d'aile -- un flaperon -- charrié par la mer a dérivé sur plusieurs milliers de kilomètres à partir de l'endroit de l'océan Indien où l'avion s'est abîmé, a déclaré le premier ministre malaisien, Najib Razak, à Kuala Lumpur.

Le parquet de Paris, qui enquête aussi, car quatre victimes sont françaises, s'est montré plus prudent, évoquant de «très fortes présomptions» que le débris vienne en effet du Boeing 777 de Malaysia Airlines.

Le ministre malaisien des Transports, Liow Tiong Lai, a par ailleurs affirmé jeudi que des experts malaisiens dépêchés à La Réunion avaient retrouvé d'autres débris d'avion -- coussins de siège, hublots --, ajoutant qu'il reviendrait aux autorités françaises de vérifier s'ils proviennent aussi du Boeing 777.

Mais une source judiciaire française a déclaré que les enquêteurs français n'étaient en possession d'aucun nouveau débris d'avion.

Une «avancée majeure»

La disparition du Boeing 777 avait soulevé l'un des plus grands mystères de l'aviation civile, entraînant de colossales opérations de recherches et nourrissant toutes sortes d'hypothèses, allant jusqu'au complot.

L'annonce du chef de gouvernement malaisien selon laquelle le fragment d'aile provient bien du Boeing 777 est «une avancée majeure», a réagi Malaysia Airlines.

Cette percée dans l'enquête n'a pas suffi à apaiser certaines familles de victimes parfois en colère, qui exigent depuis 17 mois de savoir ce qu'il est advenu de leurs proches.

«Je ne crois pas à ces dernières informations au sujet de l'avion, ils nous mentent depuis le début», a lancé le Chinois Zhang Yongli, dont la fille se trouvait à bord.

La plupart des passagers du Boeing 777 étaient chinois.

Des experts français du Bureau d'enquêtes et d'analyses (BEA) et leurs homologues malaisiens participent à l'expertise entamée mercredi après-midi dans un laboratoire militaire dans la banlieue de Toulouse.

Reste notamment à rechercher des indices sur les causes de l'accident. L'avion a-t-il été détruit en vol ou s'est-il désintégré en percutant la surface de l'océan?

D'après certains chercheurs, l'espèce et l'âge des crustacés accrochés sur le volet ainsi que sur les restes d'une valise découverts sur la même plage que le morceau d'aile pourraient notamment permettre de déterminer combien de temps la pièce d'avion a séjourné dans l'eau, la température de cette eau, par où elle a cheminé.

Ce qui livrerait des indices sur une zone dans laquelle relancer la recherche d'éventuels autres débris.

Le commissaire en chef du Bureau australien de la sécurité des transports (ATSB), Martin Dolan, a cependant observé qu'il était «trop tôt» pour dire ce qui était arrivé, ajoutant qu'un «examen approfondi (du flaperon) était nécessaire pour savoir ce que l'on peut en apprendre».