Le fragment d'aile d'avion retrouvé à La Réunion est arrivé samedi après-midi au laboratoire de Balma, près de Toulouse, où il doit être analysé pour déterminer s'il appartient au Boeing 777 de la Malaysia Airlines et tenter de lever le voile sur la disparition du vol MH370.

Trois jours après sa découverte sur une plage de l'île, à l'ouest de l'océan Indien, le débris long de deux mètres a été transporté samedi matin à l'aéroport parisien d'Orly. Il a ensuite été convoyé par la route au laboratoire dépendant du ministère de la Défense à Balma, où il est arrivédans un fourgon banalisé, escorté de deux motards et deux voitures de gendarmerie, vers 17H30.

Les investigations sur ce flaperon, volet qui borde l'aile d'un avion, débuteront mercredi après-midi. Leur durée n'a pas été précisée.

Quatre responsables malaisiens, dont le directeur général de l'aviation civile Azharuddin Abdul Rahman et des représentants de la compagnie Malaysian Airlines, sont déjà à Paris. Ils participeront lundi à une réunion à huis clos avec un des trois magistrats français chargés de l'enquête, un membre du Bureau d'enquêtes et d'analyses (BEA) et les gendarmes français.

«Nous nous rendrons à Toulouse d'ici deux jours. Nous espérons vérifier mercredi si le flaperon provient du MH370 ou pas», a déclaré M. Azharuddin à l'AFP.

L'avionneur américain Boeing va également dépêcher une équipe «technique» pour participer à l'expertise de cette pièce marquée de l'inscription «657BB», qui correspond à celle d'un flaperon de B777. Aucun autre accident aérien n'a impliqué ce type d'appareil dans cette région du monde.

Des morceaux d'une valise retrouvée sur la même plage doivent être analysés dans un laboratoire de gendarmerie de Pontoise, en région parisienne.

«Je vous salue Marie» en chinois

La découverte fortuite du flaperon a relancé l'espoir d'une élucidation de cette mystérieuse disparition, une des grandes énigmes de l'histoire de l'aviation civile.

Depuis seize mois, plusieurs pays tentent de retrouver la trace de l'appareil : la Chine, dont 153 ressortissants étaient à bord, la Malaisie, les États-Unis et l'Australie, qui a coordonné d'intenses, mais vaines recherches en mer au printemps 2014.

Pour la ministre australienne des Affaires étrangères Julie Bishop, la découverte du débris est un «premier signe positif». «Les experts vont devoir analyser s'il s'agit d'une pièce du MH370, les courants, comment elle est arrivée là et ce que cela a comme conséquence pour les recherches», a-t-elle affirmé.

À Saint-André de La Réunion, quelques habitants ont arpenté samedi la plage où a été retrouvé le débris, espérant d'autres trouvailles. «On est venus voir si on pouvait trouver quelque chose appartenant à l'avion, un train d'atterrissage, un passeport, des vêtements», a dit Sivamadin Sandye, un pêcheur, venu ratisser l'endroit avec femme et enfants.

Dans l'après-midi, une messe a rassemblé 300 à 400 personnes à quelques centaines de mètres des lieux de la découverte. En hommage aux victimes, 239 lumignons ont été déposés devant l'autel pendant qu'une chorale chantait en chinois un «Je vous salue Marie» dédié aux passagers chinois disparus.

Triangle des Bermudes

Les résultats des analyses sont aussi très attendus par les familles, défiantes vis-à-vis des autorités des pays concernés après plusieurs fausses alertes.

Époux et père de trois passagers du vol, le Français Ghyslain Wattrelos, «très content que ces débris soient retrouvés en France», espère la fin de «l'omerta» et de la «désinformation».

Les responsables de l'enquête pensent qu'une brusque chute du niveau d'oxygène dans l'appareil a rendu l'équipage et les passagers inconscients. L'avion aurait alors volé en pilote automatique au-dessus de l'océan Indien, jusqu'à sa chute en mer, après avoir bifurqué de son plan de vol Kuala Lumpur-Pékin.

Des spéculations demeurent sur une défaillance mécanique ou structurelle, voire un acte terroriste, mais rien n'a étayé jusqu'ici l'un ou l'autre scénario.

Cette disparition inexpliquée a aussi nourri toutes sortes d'hypothèses, parfois fantasques, allant de théories complotistes aux fantasmes nourris du mythe du Triangle des Bermudes et des séries «Lost» ou «La quatrième dimension».

Le 29 janvier, la Malaisie a officiellement déclaré que cette disparition était un accident et que les passagers et l'équipage étaient présumés morts.