Malgré la durée sans précédent de l'épidémie en Afrique de l'Ouest, le virus Ebola n'a pas connu de mutations inquiétantes, selon une nouvelle étude américaine. Une autre étude, publiée hier comme la première dans la revue Science, rapporte des résultats prometteurs pour un vaccin.

«C'est de loin l'épidémie d'Ebola qui a duré le plus longtemps et qui a touché le plus de gens et la plus grande étendue géographique», explique David Safronetz, des Instituts nationaux de la santé des États-Unis, l'un des auteurs de l'étude sur les mutations.

«La possibilité qu'il y ait des mutations rendant le virus plus virulent ou plus facilement transmissible nous inquiétait. Les données qui ont été recueillies au Mali, où le service de santé a fait un excellent travail sur le virus, calment ces inquiétudes. Peut-être parce qu'il est déjà très dangereux, le virus n'a pas connu de mutations ayant un impact sur les traitements, les conditions d'isolement et surtout les méthodes de diagnostic. Le rythme de mutations reste stable.»

L'équipe au sein de laquelle travaille le Dr Safronetz, qui a grandi au Manitoba et commencé sa carrière au Laboratoire national de microbiologie à Winnipeg, continue de surveiller la situation.

«Mais nous sommes relativement confiants. Le rythme de mutation n'est pas différent entre les pays où il y a eu beaucoup de cas, comme la Guinée, le Liberia ou la Sierra Leone, et les pays où il n'y en a presque pas eu, comme le Mali.»

La Guinée continue à être le pays le plus inquiétant. Les autorités médicales arrivent à retrouver à peine le tiers des personnes avec qui les nouveaux patients ont été en contact, selon l'OMS.

En Sierra Leone, ce taux est de 84%. Il s'agit d'une variable-clé pour évaluer les perspectives de succès de la campagne anti-Ebola: les personnes retrouvées sont ensuite isolées et surtout examinées régulièrement. Le Liberia, lui, a presque réussi à atteindre le seuil magique de 90 jours sans nouveau cas, nécessaire pour être déclaré libre du virus. Mais un nouveau cas a été détecté à la mi-mars.

Nouveau vaccin

L'autre étude de Science rapporte qu'un nouveau vaccin, testé chez une quinzaine de singes, semble beaucoup plus efficace que ceux qui sont actuellement mis au point.

Les deux vaccins présentement testés au Liberia, dont l'un a été fabriqué au laboratoire de Winnipeg, ne comportent qu'un fragment du virus Ebola (une protéine et un gène). Le vaccin décrit dans Science incorpore tout le virus, mais a modifié une région de son code génétique pour le rendre intransmissible, ce qui expliquerait son efficacité plus grande chez les singes.

Pour plus de sécurité, le virus modifié est aussi traité au peroxyde. Par le passé, d'autres vaccins basés sur des virus «entiers» utilisaient l'irradiation pour éliminer la capacité du virus de se transmettre. L'irradiation rendait le virus inefficace, contrairement au traitement au peroxyde, rapportent les chercheurs américains et japonais qui signent l'étude de Science.