Les élèves du Liberia reprenaient lundi progressivement le chemin de l'école avec cinq mois de retard pour cause d'épidémie de fièvre hémorragique Ebola, dont le pays, comme la Guinée et la Sierra Leone voisines, espère être débarrassé pour mi-avril.

La rentrée au Liberia s'est effectuée quatre semaines après celle de Guinée et six semaines avant celle de Sierra Leone. Ces trois pays d'Afrique de l'Ouest ont concentré l'essentiel des cas d'Ebola.

Leurs dirigeants, encouragés par la décrue significative du nombre de nouveaux cas depuis le début de l'année, se sont rencontrés dimanche à Conakry. Il s'agissait du premier voyage des présidents sierra-léonais Ernest Bai Koroma et libérienne Ellen Johnson Sirleaf depuis le pic de l'épidémie à l'automne.

Mme Sirleaf, M. Koroma et leur homologue guinéen Alpha Condé doivent coprésider le 3 mars une réunion internationale, organisée à Bruxelles par l'Union européenne (UE), pour faire le point sur la lutte contre le virus et les mesures de reconstruction des pays touchés, en vue de laquelle ils veulent établir un plan commun.

Malgré la réouverture officielle des écoles, l'affluence était encore faible lundi au Liberia pour ce premier jour, ont constaté des journalistes de l'AFP.

«Je suis très contente de retourner à l'école, même si la plupart de nos amis ne sont pas venus aujourd'hui. Mais je suis sûre qu'ils viendront bientôt», a déclaré à l'AFP Fatima Sherif, 18 ans, élève du lycée Kendenja dans le quartier de Paynesville, à Monrovia, la capitale.

Un responsable de l'établissement a indiqué «ne pas être surpris par cette faible affluence», compte tenu des dépenses nécessaires à la rentrée et des fluctuations des dates de réouverture des écoles, fixées par les autorités: le 2 février, puis le 16, puis le 2 mars, puis de nouveau le 16 février.

En raison de cette incertitude, des écoles privées comme le Rose Memorial, dans le même quartier, ont décidé de ne rouvrir que le 2 mars, la date fixée un temps par les gouvernements, a expliqué le directeur, Alfred Nyankun.

Limiter les contacts directs

Un parent d'élève d'un autre établissement, Patrick Paye, 45 ans, a confié «être inquiet» après avoir déposé ses enfants à l'école, espérant que le personnel ferait en sorte qu'ils respectent scrupuleusement les consignes sanitaires.

Se disant «heureuse de retourner à l'école», Juliet Markor, 15 ans, a précisé avoir reçu instruction de ses parents «de faire attention, de ne pas être trop en contact avec les amis, surtout s'ils ont de la fièvre».

Le virus se transmet par contact direct avec les fluides corporels des patients présentant les symptômes, notamment fièvre, vomissements et saignements.

Une porte-parole du Fonds des Nations unies pour l'enfance (Unicef) au Liberia a indiqué que l'organisation s'assurait que les enfants se lavaient les mains et se faisaient prendre la température en arrivant.

L'Unicef a précisé fournir, avec ses partenaires, 7200 kits d'hygiène pour plus de 4000 écoles et avoir formé 15 000 enseignants, sans être en mesure de donner une estimation du taux de présence des élèves pour cette première journée.

En Guinée, où l'école a repris le 19 janvier, l'Unicef estimait ce taux à 85 % la semaine dernière.

La Sierra Leone, le pays qui compte le plus grand nombre de cas, a fixé la réouverture des écoles au 30 mars.

L'épidémie en Afrique de l'Ouest, la plus grave depuis l'identification du virus en Afrique centrale en 1976, était partie en décembre 2013 du sud de la Guinée.

Elle a fait quelque 9200 morts identifiés, un nombre nettement sous-estimé selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS), pour plus de 23 000 cas recensés.