Six personnes en provenance de pays où sévit le virus d'Ebola ont pu obtenir un visa pour le Canada, malgré les restrictions imposées en ce sens par le gouvernement Harper.

Le gouvernement fédéral n'a pas voulu donner de détails au sujet de ces six personnes au nom de la protection des renseignements personnels. Il ne semble toutefois pas que ces personnes aient voyagé ensemble.

En vertu des règles actuellement en vigueur, chacune a dû subir un test de dépistage de l'Ebola, un virus hautement contagieux, avant de quitter l'Afrique de l'Ouest et une seconde fois à l'arrivée au Canada, en plus de surveiller son état de santé pendant une période de 21 jours.

Joint par courriel, le porte-parole de l'Agence de la santé publique du Canada, Patrick Gaebel, a assuré qu'il n'y avait aucun cas d'Ebola rapporté au Canada. Il a ajouté que si un cas venait à se présenter, les autorités veilleraient à en aviser rapidement tous les Canadiens.

En octobre dernier, le gouvernement fédéral avait fait savoir qu'il n'accorderait plus de visas aux gens en provenance de la Guinée, de la Sierra Leone et du Liberia. La mesure touche également ceux qui se sont rendus dans ces pays au cours des trois mois qui ont précédé leur demande de visa. Le gouvernement a également renvoyé les formulaires de 176 travailleurs, étudiants ou visiteurs dont le dossier était à l'étude, de même que 20 000 $ en frais payés pour l'étude des dossiers.

Cette mesure a été adoptée afin d'éviter que le virus de l'Ebola ne soit introduit au Canada, avait affirmé le gouvernement fédéral.

La mesure prévoyait cependant des cas d'exception, le ministre de l'Immigration étant habilité à délivrer un visa lorsqu'il juge que cela peut être dans l'intérêt national. Citoyenneté et Immigration Canada n'a jamais donné de définition précise à ces cas d'exception justifiés par l'intérêt national, mais, en novembre dernier, le ministre Chris Alexander avait parlé de «voyages pour une raison économique qui pourront continuer».

Des milliards de dollars ont en effet été investis dans des mines de l'Afrique de l'Ouest et certaines de ces entreprises minières ont des liens avec le Canada.

L'une d'entre elles, ArcelorMittal, avait adressé une lettre au premier ministre Stephen Harper, l'automne dernier, lui demandant de changer de cap. La minière affirmait qu'une telle mesure ne contribuait pas vraiment à contrer la propagation du virus.

D'ailleurs, l'Organisation mondiale de la santé avait spécifiquement demandé aux pays de ne pas imposer de restrictions à la libre circulation des personnes lors d'épidémies, à moins d'avis contraire. L'organisation internationale jugeait de telles interdictions contre-productives.

Le gouvernement canadien avait répliqué qu'il ne s'agissait pas d'une interdiction de voyager, puisqu'elle ne visait pas les citoyens canadiens et les gens qui disposaient déjà d'un visa ou d'une autre forme de document officiel qui leur permettait d'entrer au Canada.

À l'heure actuelle, 37 Canadiens - du personnel médical civil ou militaire - travaillent dans une clinique où sont traités des cas d'Ebola en Sierra Leone. De même, plusieurs Canadiens oeuvrent pour des organisations non gouvernementales dans la région.

«Le Canada et la communauté internationale ont répondu à l'appel avec générosité et détermination et avec une volonté sincère de vaincre définitivement ce virus», a affirmé par courriel Réjean Cantlon, porte-parole d'Immigration Canada.

L'Organisation mondiale de la santé rapporte plus de 20 000 cas confirmés du virus et au moins 8000 décès.