L'infirmière britannique contaminée par Ebola a reçu un traitement antiviral expérimental et du plasma sanguin prélevé sur un survivant de la maladie, a annoncé mercredi l'hôpital londonien où elle placée en isolation depuis mardi.

Deux autres personnes récemment revenues d'Afrique de l'Ouest au Royaume-Uni ont par ailleurs été testées négatives au virus Ebola alors que l'efficacité de la procédure de vérification dans les aéroports fait débat dans le pays.

«Les prochains jours vont être décisifs. Pauline (Cafferkey) est toujours à un stade précoce de la maladie. Son état pourrait empirer. C'est très difficile à prévoir. Nous en saurons plus dans environ une semaine», a expliqué lors d'une conférence de presse le docteur Michael Jacobs, spécialiste des maladies infectieuses au Royal Free Hospital de Londres.

«Nous utilisons deux méthodes pour la soigner. Premièrement, du plasma sanguin prélevé sur une personne ayant survécu à Ebola et qui contient des anticorps. Deuxièmement, un traitement antiviral expérimental dont on n'a pas la preuve qu'il soit efficace mais dont on espère qu'il va l'aider», a ajouté le médecin.

Il a confirmé que l'hôpital n'avait pas réussi à se procurer le médicament expérimental ZMapp, administré à plusieurs personnes infectées par le virus Ebola cette année dont un Britannique aujourd'hui guéri, tout simplement parce qu'il n'était «plus disponible dans le monde actuellement».

Pauline Cafferkey, 39 ans, travaillait pour l'ONG Save the Children au centre médical britannique de Kerry Town, en Sierra Leone, avant de rentrer au Royaume-Uni dimanche soir.

Elle a été testée positive lundi à Glasgow après s'être sentie fiévreuse pendant la nuit.

Elle a ensuite été transférée tôt mardi matin vers l'hôpital Royal Free de Londres qui avait soigné avec succès cet automne l'infirmier bénévole britannique William Pooley, lui aussi contaminé en Sierra Leone.

Pauline Cafferkey est traitée dans une unité d'isolement et dans un lit recouvert d'une tente disposant d'un système de ventilation autonome.

«Pauline est assise dans la tente, elle lit, mange un peu et est en communication avec sa famille.», a rapporté le Dr Jacobs qui n'a pas voulu détailler l'état de santé exact de la patiente.

Le fait que l'infirmière ait pu embarquer à l'aéroport londonien de Heathrow pour un vol vers Glasgow dimanche soir, après avoir eu sa température prise à plusieurs reprises, était par ailleurs au centre des interrogations mercredi.

«Elle a été autorisée à voyager parce qu'elle n'avait aucun symptôme du virus Ebola, notamment pas de fièvre», a précisé Sally Davies, principale conseillère du gouvernement britannique pour les questions de santé publique.

«Cela pose évidemment la question de savoir si nous devons être plus prudent», a-t-elle ajouté.

La température de l'infirmière a été vérifiée à six reprises en une demi-heure à Heathrow et était à chaque fois normale, conduisant les autorités à la laisser embarquer sur son vol intérieur à destination de Glasgow.

Martin Deahl, un médecin britannique qui est rentré de Sierra Leone avec Pauline Cafferkey, a critiqué les tests pratiqués à l'aéroport d'Heathrow, les qualifiant de «bordéliques».

«Ils n'avaient plus de kits de dépistage et ils n'avaient pas l'air de savoir ce qu'ils faisaient», a-t-il déclaré.