Les essais cliniques d'un vaccin canadien contre le virus Ebola viennent d'être interrompus pour quelque temps, après que les chercheurs eurent identifié des effets secondaires indésirables chez certaines personnes qui l'avaient reçu.

Le vaccin a été conçu par les scientifiques du Laboratoire national de microbiologie du Canada, à Winnipeg. Le gouvernement canadien en a fait don à l'Organisation mondiale de la santé.

En fait, quatre des 59 personnes qui ont reçu le vaccin, dans le cadre d'un essai clinique en Suisse, ont rapporté avoir ressenti des douleurs aux articulations des doigts et des orteils, et ce, de 10 à 15 jours après avoir reçu l'injection, a rapporté en entrevue la docteure Angel Huttner.

Bien que les symptômes rapportés n'aient été que légers, l'équipe suisse a voulu prendre une pause afin de voir si le phénomène persiste ou s'atténue avant de déterminer s'il est opportun d'inclure d'autres personnes dans l'essai clinique.

«Nous voulons suspendre l'essai clinique pendant quelques semaines parce que nous ne nous attendions pas à ça. Les autres équipes qui font un essai clinique n'ont pas constaté le même phénomène. On veut juste savoir ce qui se passe avant d'aller de l'avant en distribuant davantage de vaccins», a expliqué la docteure Huttner.

D'autres essais cliniques sont en cours ailleurs dans le monde, notamment aux États-Unis - aux Instituts nationaux de la santé et à l'Institut de recherche Walter Reed Army -, ainsi qu'à l'Université Dalhousie, à Halifax.

Le brevet du vaccin a récemment été acquis par le géant pharmaceutique Merck, qui l'a acheté à NewLink Genetics, une petite entreprise de biotechnologie de l'Iowa qui a mis au point le vaccin.

En Suisse, les responsables prévoient reprendre l'essai clinique le 5 janvier, a fait savoir l'Hôpital universitaire de Genève dans un communiqué.

La docteure Huttner assure que les quatre personnes qui ont ressenti des effets secondaires indésirables vont bien. «Ce sont des gens qui travaillent; ils vaquent normalement à leurs occupations. Ce sont des effets très mineurs» qui ont été rapportés, a-t-elle précisé.

«Dans presque tous les cas, les patients se sont présentés lors de leur rendez-vous déjà planifié; ils n'avaient donc pas ressenti le besoin de venir en urgence», a-t-elle ajouté.

La microbiologiste-infectiologue souligne que les gens peuvent ressentir ainsi des douleurs articulaires après avoir eu une infection virale ou après avoir reçu certains vaccins.

L'équipe médicale suisse croit que l'effet secondaire rapporté demeure à un degré acceptable, mais elle préfère savoir à quel point il est fréquemment éprouvé et avec quelle intensité avant de poursuivre les essais.