Le journaliste sierra-léonais arrêté le 3 novembre après avoir critiqué la lutte contre Ebola dans son pays a été libéré sous caution vendredi soir, a annoncé à l'AFP à Freetown le vice-ministre sierra-léonais de l'Information, Theo Nicol.

Quatorze ONG avaient réclamé dans un communiqué le 11 novembre le respect des règles de droit et la libération sous caution de David Tam Baryoh, présentateur d'une émission hebdomadaire baptisée Monologue sur la radio privée Citizen FM.

M. Tam Baryoh «a été libéré après versement d'une caution de 10 000 dollars (plus de 8000 euros)», et «aucune charge n'a été retenue» à son encontre, a affirmé le vice-ministre Theo Nicol.

Aucun détail supplémentaire n'avait pu être obtenu par l'AFP vendredi soir sur cette libération sous caution.

La semaine dernière, le porte-parole du gouvernement sierra-léonais, Abdulai Bayratay, avait indiqué que M. Tam Baryoh avait été arrêté sur ordre du président Ernest Bai Koroma, en vertu de l'état d'urgence décrété fin juillet dans le cadre de la lutte contre Ebola.

Dans un communiqué diffusé cette semaine, le procureur général Frank Kargbo avait indiqué qu'il était reproché à M. Baryoh «des déclarations incendiaires» faites durant son émission diffusée le 1er novembre et lors de laquelle le journaliste aurait «laissé entendre» que le gouvernement utilisait ses prérogatives pour «se maintenir au pouvoir et non pas lutter contre Ebola».

«Son insinuation que les récents événements au Burkina Faso pourraient se produire en Sierra Leone, pays encore sous le choc d'un conflit dévastateur et actuellement confronté à une épidémie d'Ebola d'ampleur sans précédent, est non seulement déplaisant, mais aussi une tentative de provoquer des troubles», a affirmé M. Kargbo.

Le président Blaise Compaoré, qui dirigeait le Burkina Faso depuis 27 ans, a été forcé à la démission le 31 octobre par un soulèvement populaire.

La Sierra Leone, qui a connu une guerre civile ayant fait 120 000 morts entre 1991 et 2002, est l'un des trois pays d'Afrique de l'Ouest - avec le Liberia et la Guinée - les plus durement touchés par Ebola.

Selon le dernier bilan de l'Organisation mondiale de la Santé (OMS), l'épidémie a fait 5177 morts sur 14 413 cas dans huit pays.