La dernière province de Sierra Leone encore épargnée par Ebola, Koinadugu, dans le nord-est du pays, frappée à son tour dans le courant du mois d'octobre, compte à présent 50 morts, selon la Croix-Rouge.

La province se félicitait d'être la seule du pays, le deuxième plus touché après le Liberia, à échapper au virus, malgré sa proximité avec la Guinée voisine, d'où est partie l'épidémie en décembre 2013.

«Cinquante personnes sont mortes depuis la mi-octobre», a indiqué dimanche à l'AFP John Marah, responsable de la Croix-Rouge sierra-léonaise à Kabala, capitale de la province, à moins de 50 km de la frontière guinéenne.

Neuf autres malades ont été placés dans un centre d'isolement de l'Organisation mondiale de la Santé (OMS). «Deux sont très gravement malades et il reste peu d'espoir», a précisé M. Marah.

Ce sont donc près de 60 cas qui sont désormais confirmés dans la chefferie de Niene, région de montagnes et de forêts. En outre, «au moins 200 personnes ont été placées en quarantaine» à leur domicile, a-t-il ajouté.

Dans cette région escarpée, difficile d'accès malgré l'extraction du minerai de fer, le virus aurait été apporté par un commerçant de la province voisine de Kono (distante de 30 km): l'homme est décédé à Kabala, avant d'avoir pu être ramené chez lui.

Il aurait contaminé directement au moins deux femmes décédées le 15 octobre, sans que le virus soit immédiatement identifié.

Rapidement, les cas se multiplient et quand les premiers tests confirment la présence du virus Ebola, déjà 25 personnes sont mortes et plus d'une trentaine d'autres sont contaminées dans les villages de Fankuya, Sumbaria et Kumala.

«Il y a eu un certain déni dans la communauté», reconnaît John Marah pour expliquer la réponse tardive des agences humanitaires.

Quand la Croix-Rouge rencontre mercredi Chef Foday Jalloh, qui préside la chefferie de Niene (50 000 habitants), ce dernier raconte que les premiers morts d'Ebola sont restés abandonnés pendant près d'une semaine dans les rues des villages, personne ne voulant toucher leurs dépouilles hautement infectieuses.

Dans un enregistrement effectué sur place par la Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge, que l'AFP a écouté, Chief Jalloh lance un appel au monde: «Nous avons besoin d'aide», plaide-t-il, réclamant des médicaments et un soutien médical.

Depuis samedi, deux équipes envoyées par la Croix-Rouge sierra-léonaise, spécialement appareillées pour manipuler les corps des victimes d'Ebola, ont rejoint deux équipes locales.

Le bilan publié par le gouvernement dimanche soir faisait toujours état de «48 cas» à Koinadugu.

Mais alors que les contaminations semblent ralentir dans l'Est du pays, épicentre de l'épidémie, aux confins de la Guinée et du Liberia, c'est maintenant dans l'Ouest que le virus progresse le plus rapidement, notamment à Freetown.