Les pays riches ont été trop lents à s'attaquer à l'épidémie d'Ebola lorsqu'elle a commencé en Afrique, a déploré jeudi l'ancien secrétaire général des Nations unies, Kofi Annan.

«Je suis amèrement déçu par la réponse (...). Je suis déçu par la communauté internationale parce qu'elle n'avance pas plus rapidement», a dit M. Annan sur la chaîne de télévision BBC.

«Si cette crise avait frappé une autre région, on aurait probablement géré cela très différemment», a-t-il ajouté. «En fait si vous regardez l'évolution de la crise, la communauté internationale ne s'est vraiment réveillée que lorsque la maladie est arrivée en Amérique et en Europe», a-t-il estimé.

Le diplomate ghanéen, qui a dirigé les Nations unies pendant une décennie jusqu'en 2006, a indiqué qu'on aurait dû voir que la propagation du virus depuis son épicentre en Afrique de l'Ouest aux pays outre-mer n'allait être qu'une question de temps.

Une aide-soignante en Espagne et deux infirmières aux États-Unis ont été infectées alors qu'elles soignaient des malades qui avaient été contaminés en Afrique.

«Je montre du doigt les pays qui ont les moyens (...), mais il y a plusieurs pays à blâmer», a-t-il poursuivi. «Les pays africains de la région touchée auraient pu demander de l'aide un peu plus rapidement et la communauté internationale aurait pu bien mieux s'organiser pour proposer son assistance», a souligné M. Annan. «On n'avait pas besoin de mois pour faire ce que nous faisons aujourd'hui», a-t-il dénoncé.

L'ex-dirigeant de l'ONU, Prix Nobel de la Paix, a pourtant défendu l'Organisation mondiale de la Santé (OMS), qui a été critiquée pour sa réponse tardive à la plus grave épidémie d'Ebola, ayant commencé en Guinée avant de se propager au Liberia et à la Sierra Leone.

Selon lui, l'OMS, qui prévoit que l'on pourrait approcher les 10 000 nouvelles infections par semaine en décembre, était consciente du risque, mais elle attendait des gouvernements qu'ils lui fournissent les budgets pour pouvoir agir.

Jeudi l'OMS a annoncé qu'elle allait accroître son aide à 15 pays africains frontaliers ou proches de la zone la plus touchée par le virus de la fièvre hémorragique. Celle-ci a fait près de 4500 morts depuis décembre, selon le dernier bilan officiel en date du 12 octobre.