Le Libérien hospitalisé au Texas avec Ebola, première personne à avoir été diagnostiquée avec ce virus hors d'Afrique, a reçu un traitement expérimental alors que son état restait «très grave mais stationnaire», a indiqué lundi l'hôpital dans un communiqué.

Thomas Eric Duncan «est désormais traité avec un médicament expérimental, le brincidofovir qui cible le virus Ebola» et il «reste dans un état très grave mais stationnaire», a indiqué une porte-parole du centre hospitalier Texas Health Presbyterian à Dallas

L'hôpital a précisé ultérieurement que M. Duncan avait commencé à recevoir ce traitement samedi 4 octobre en début d'après-midi.

Son état s'était dégradé en fin de semaine dernière. Jusqu'à vendredi il était encore considéré dans un état grave mais stationnaire. Samedi et dimanche l'hôpital avait qualifié son état de «très grave».

Le brincidofovir est un antiviral administré par voie orale développé par Chimerix, une firme biopharmaceutique américaine.

Cet traitement fait actuellement l'objet d'un essai clinique de phase 3 contre des adénovirus et des cytomégalovirus, précise la firme sur son site internet. Au total, mille personnes ont reçu cet antiviral.

Mais ce dernier n'a jamais été essayé sur des humains infectés avec Ebola.

Ce traitement a seulement été testé en laboratoire contre le virus Ebola après des recherches effectuée par les Centres américains de contrôle et de prévention des maladies (CDC) et des Instituts nationaux de la santé (NIH), indiquait aussi début septembre la société dans un communiqué.

Cet antiviral bloque le virus en l'empêchant de se multiplier en produisant des copies de lui-même, précise Chimerix.

Les trois premiers missionnaires américains, deux médecins et une aide soignante, infectés en Afrique et soignés aux États-Unis avaient été soignés avec d'autres traitements expérimentaux.

Deux d'entre eux, le Dr Kent Brantly et Nancy Writebol, avaient été traités avec du ZMapp qui paraît prometteur.

Mais les quelques doses disponibles ont été épuisées début septembre et il faudra plusieurs semaines voire des mois pour en produire d'autres, selon les autorités sanitaires américaines.

Le Dr Rick Sacra avait reçu du TKM-Ebola, produit par la firme canadienne Tekmira combiné à du sérum sanguin provenant du Dr Kent Brantly, guéri d'Ebola et dont le système immunitaire a produit des anticorps.

Mais aucun traitement, ni vaccin n'ont encore été homologués contre Ebola.

Un candidat vaccin prometteur (cAd3-ZEBOV) de la firme britannique GlaxoSmithKline, qui utilise comme vecteur un adénovirus de chimpanzé dans lequel a été inséré un gène du virus Ebola, fait l'objet d'un premier essai clinique avec vingt volontaires en bonne santé aux États-Unis depuis début septembre. Si les résultats sont probants, il pourrait être prêt début 2015.

Le président Obama a réaffirmé lundi à l'issue d'une rencontre à la Maison-Blanche avec les autorités sanitaires et des responsables de son Conseil de sécurité nationale, que les risques d'une épidémie d'Ebola aux États-Unis étaient «extrêmement faibles».

Il a également souligné que de nouveaux protocoles étaient à l'étude pour renforcer le contrôle des passagers aux aéroports à la fois au départ d'Afrique de l'Ouest et à l'arrivée aux États-Unis. Et il a appelé ses homologues à travers le monde à s'engager plus fortement pour contrer le virus.

L'épidémie d'Ebola, la plus meurtrière depuis l'émergence du virus en 1976, a déjà fait 3439 morts parmi les quelque 7500 personnes qui ont été infectées dans cinq pays d'Afrique de l'Ouest, principalement au Liberia, en Sierra Leone et en Guinée, selon le dernier bilan au 1er octobre de l'Organisation Mondiale de la Santé.