Aux États-Unis, où a été diagnostiqué le premier cas d'Ebola hors Afrique, l'inquiétude de la contamination paraît grandir malgré d'importants efforts de communication quotidiens déployés par les autorités sanitaires pour rassurer.

«Nous avons constaté une grande préoccupation dans le public qui est compréhensible», a déclaré dimanche le directeur des Centres de contrôle et de prévention des maladies (CDC) le Dr Tom Frieden.

Avant le 30 septembre, date où la maladie d'Eric Thomas Duncan a été diagnostiquée au Texas, «les CDC recevaient 50 appels téléphoniques et courriers électroniques par jour», a-t-il précisé. «Ce nombre est passé à 800 par jour».

Un sondage CNN/ORC International, publié le 30 septembre montre que seulement 27% des Américains sont préoccupés par Ebola contre 73% qui ne le sont pas, le terrorisme selon cette enquête étant beaucoup plus inquiétant pour 41% des personnes interrogées.

À Dallas, la peur de la contamination est naturellement bien plus manifeste. Les autorités texanes ont eu le plus grand mal à reloger les quatre personnes proches du malade placées en quarantaine initialement dans l'appartement où M. Duncan a vécu quelques jours à son arrivée du Liberia le 20 septembre. Il était dimanche dans un état très grave, selon l'hôpital.

Les autorités sanitaires texanes ont également eu beaucoup de mal à recruter une société de nettoyage spécialisée pour décontaminer l'appartement.

Cette semaine, Ted Cruz, sénateur républicain de cet état du sud des États-Unis, a adressé une lettre au directeur de l'Aviation civile américaine (FAA) dans laquelle il suggérait de cesser les vols avec les pays africains les plus touchés par l'infection. La Maison-Blanche avait écarté cette hypothèse vendredi.

«Nous ne prenons pas à la légère les personnes qui ont peur d'Ebola et nous comprenons», a dit dimanche le Dr Anthony Fauci, directeur de l'Institut des allergies et des maladies infectieuses (NIAID) interrogé sur la chaîne de télévision Foxnews.

«Mais nous fondons nos actions et nos politiques sur des faits scientifiques», a-t-il ajouté. «Nous savons qu'en mettant en quarantaine un sujet infecté ou potentiellement infecté, en retrouvant toutes les personnes avec qui il a été en contact et en lui administrant le bon traitement, nous n'aurons pas d'épidémie aux États-Unis», a-t-il insisté notant qu'il pourrait y encore y avoir d'autre cas de passagers infectés débarquant sur le sol américain.

Plus de 100 fausses alertes

Plus d'une centaine de cas suspects ont été attirés à l'attention des autorités sanitaires. Aucun ne s'est avéré être réel.

«Nous voulons être sûrs que l'opinion américaine comprenne qu'il est très difficile de contracter le virus Ebola», a une nouvelle fois répété Dan Pfeiffer, un conseiller de la Maison-Blanche, dimanche sur NBC.  «On doit savoir qu'il n'y a pas d'autres pays mieux préparés que les États-Unis pour faire face à cette situation», a-t-il encore assuré.

Tous les jours, les autorités sanitaires américaines réitèrent leur volonté de ne prendre aucun risque.

À Dallas, dix personnes - trois membres de sa famille et sept personnels soignants - ayant été en contact étroit avec le Libérien malade ont leur température sont testés deux fois par jour pour des signes d'infection d'Ebola comme la fièvre et ce jusqu'à la fin de la période maximale d'incubation de 21 jours.

En plus, 46 autres personnes qui ont été exposées indirectement à M. Duncan ont leur température prise une fois par jour. Une de ces personnes était introuvable depuis samedi, mais la police l'a retrouvée dimanche après-midi.

Dimanche, le Dr Frieden a affirmé qu'aucune d'entre elles ne présentait de symptôme d'Ebola à ce jour.

Samedi à l'aéroport de Newark, un avion contenant 250 passagers a été bloqué pendant deux heures à cause d'une fausse alerte. À son bord, un passager qui avait vomi pendant le vol Bruxelles-New York a été accueilli par un médecin à son arrivée. Les CDC ont finalement déterminé qu'il ne souffrait pas d'Ebola.

Jusqu'à présent, six Américains au total dont trois médecins ont été infectés par Ebola en Afrique de l'Ouest. Un est mort, selon le département d'État.