Le président américain Barack Obama a estimé vendredi que l'Afrique de l'Ouest était «dépassée» par l'épidémie de fièvre Ebola et que le monde ne devait plus jamais permettre à une telle tragédie d'avoir lieu.

«Hôpitaux, cliniques, centres de traitement sont dépassés, laissant les gens mourir dans la rue», a regretté le président américain, au lendemain de son appel lancé depuis la tribune des Nations unies à New York à agir plus vite et avec plus de détermination pour enrayer l'épidémie d'Ebola qui frappe l'Afrique de l'Ouest.

«Les systèmes de santé publique sont prêts de s'effondrer», a-t-il encore prévenu à l'occasion d'un sommet mondial sur la santé organisé à la Maison-Blanche, rappelant que la croissance économique ralentissait et que les gouvernements étaient sous pression en Afrique de l'Ouest.

Si l'Ebola «n'est pas maîtrisé, les experts prédisent que des centaines de milliers de personnes pourraient mourir en l'espace de quelques mois», a ajouté le chef de l'exécutif.

Et de marteler: «Nous devons nous assurer de ne plus jamais voir une tragédie de cette ampleur se dérouler. Nous devons nous assurer de ne plus être pris de court».

Barack Obama a également proposé un défi aux inventeurs: celui de créer des équipements de protection plus efficaces et confortables pour les travailleurs sanitaires qui sont sur le terrain, souvent dans des zones hautement contagieuses.

«Si vous les concevez, nous les fabriquerons, nous payerons», a souligné le président, espérant que de nouveaux habits de protection pourront être déployés en Afrique de l'Ouest dans les prochains mois.

Barack Obama a déjà ordonné l'envoi de 3000 militaires américains en Afrique de l'Ouest avec un commandement régional à Monrovia, la capitale du Liberia. Il a également déployé les ressources des Centres fédéraux de contrôle et de prévention des maladies (CDC) pour aider à vaincre l'épidémie, qui a fait près de 3000 morts sur un peu plus de 6000 cas, essentiellement en Guinée, au Liberia et en Sierra Leone.

Les dirigeants de la planète ont été appelés jeudi lors d'une réunion à l'ONU à agir avec plus de détermination pour enrayer l'épidémie. «Vous avez le pouvoir de stopper cette horrible épidémie», a lancé à cette occasion la directrice générale de l'OMS, Margaret Chan.

L'OMS a averti que l'épidémie était en croissance «explosive» et pourrait, en l'absence d'un renforcement significatif des moyens mis en oeuvre, contaminer 20 000 personnes d'ici à novembre.

130 millions supplémentaires

Le Fonds monétaire international (FMI) a approuvé vendredi une enveloppe supplémentaire de 130 millions de dollars en faveur des trois pays les plus frappés par Ebola (Guinée, Liberia, Sierra Leone) qui bénéficient déjà de plans d'aide de l'institution.

«Si elle n'est pas maîtrisée, l'épidémie va effacer les avancées que ces trois pays ont réalisées au cours des récentes années», a mis en garde la directrice générale du FMI, Christine Lagarde, citée dans un communiqué.

La plus grande partie de cette rallonge budgétaire (49 millions de dollars) sera versée au Liberia, le montant restant étant à peu près équitablement réparti entre la Sierra Leone et la Guinée, selon le communiqué.

Cette aide d'urgence s'ajoutera aux programmes d'assistance du Fonds dans ces trois pays et servira à couvrir partiellement les «trous» budgétaires creusés par l'Ebola et estimés à 100 millions de dollars pour chacun d'entre eux, indique le FMI.

«Des soutiens supplémentaires (...) de partenaires bilatéraux et multilatéraux sont nécessaires pour éviter de douloureuses mesures d'ajustement et préserver la stabilité macro-économique», a estimé Mme Lagarde.

Jeudi, la Banque mondiale a quasiment doublé son aide d'urgence, de 230 à 400 millions de dollars, tandis que la communauté internationale réunie à l'ONU à New York était appelée à faire plus pour enrayer l'épidémie.

Selon le FMI, l'Ebola pourrait faire perdre cette année jusqu'à «3,5 points de pourcentage» à la croissance économique en Sierra Leone (contre 11,3 % prévus actuellement) et au Liberia (par rapport à 5,9 %) et «1,5 point» en Guinée (contre 3,5 % attendus).

Sur le plan sanitaire, l'épidémie a fait au moins 2.917 morts en Afrique de l'Ouest sur 6.263 cas détectés, selon le bilan de l'Organisation mondiale de la Santé (OMS).