Les Nations unies vont mettre en place en Afrique de l'Ouest une mission de terrain chargée de coordonner la réponse à la progression de l'épidémie d'Ebola, a indiqué le secrétaire général de l'ONU dans une lettre adressée jeudi au Conseil de sécurité.

Cette Mission pour la réponse d'urgence à Ebola (United Nations Mission for Ebola Emergency Response - UNMEER) aura son quartier général «dans la région, mais pas dans l'un des trois pays les plus touchés» par la maladie (Liberia, Sierra Leone, Guinée), explique Ban Ki-moon sans autre précision. La mission aura cependant des antennes dans ces trois pays.

Elle sera dirigée par un représentant spécial du secrétaire général, qui sera choisi par M. Ban lui-même en consultation avec la directrice générale de l'Organisation mondiale de la Santé (OMS), Margaret Chan.

La tâche de la mission sera de «rassembler les capacités et les compétences de tous les intervenants» du système onusien dans une structure unique afin de «garantir une réponse rapide et efficace à la crise». Il s'agira notamment «d'assurer la livraison rapide de l'aide internationale en répondant aux besoins identifiés dans les pays touchés» par Ebola et de mettre sur pied une «structure de formation» pour le personnel local et étranger amené à lutter contre la maladie.

La lettre ne précise pas la taille ni le budget de la mission et souligne qu'elle ne durera que «le temps nécessaire pour maîtriser la crise».

La mission coopérera avec les gouvernements des pays touchés et des pays voisins, ainsi que les organisations régionales comme l'Union africaine ou la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (Cédéao).

Selon les derniers chiffres de l'OMS, la fièvre hémorragique Ebola a fait 2630 morts en Afrique de l'Ouest sur 5357 cas, dont 1459 morts au Liberia, 601 en Guinée et 562 en Sierra Leone.

Le Conseil de sécurité de l'ONU doit adopter jeudi après-midi une résolution destinée à mobiliser les gouvernements contre Ebola, une initiative rarissime. Dans ce texte, le Conseil reconnaît que «la progression sans précédent de l'épidémie d'Ebola en Afrique représente une menace pour la paix et la sécurité internationales».

Les Sierraléonais confinés

La Sierra Leone, un des trois pays africains frappés de plein fouet par Ebola, se préparait jeudi à un confinement d'une ampleur inédite de sa population pendant trois jours, pour une campagne de porte-à-porte géante visant ses 6 millions d'habitants.

La population sera autorisée à sortir pour des nécessités essentielles, comme chercher de l'eau, et à aller prier à proximité à l'église ou à la mosquée après 18 h, a expliqué M. Gaojia.

Le président Ernest Bai Koroma, qui avait déjà décrété le 4 août une journée à «rester à la maison», devait lancer l'opération par une allocution dans la soirée.

«Le principal objectif de la campagne est d'inverser la tendance à l'accroissement des cas d'Ebola dans les trois mois», a déclaré un responsable du ministère de la Santé, Lansana Conteh.

Les habitants se pressaient dans les rues pour faire des provisions de denrées de base : huile, riz, pommes de terre et manioc, provoquant des embouteillages.

«Nous prions pour que l'opération mette fin à ce fléau», a affirmé Samuel Johnson, 60 ans, qui a récemment perdu un de ses trois enfants, emporté par Ebola.

Mais les spécialistes de santé publique doutaient de l'efficacité de mesures aussi coercitives face à l'épidémie.

L'ex-président de MSF Jean-Hervé Bradol a jugé cette initiative «hautement irréaliste», doutant que les autorités puissent «visiter l'ensemble des foyers en trois jours» et soulignant que beaucoup d'habitants «n'ont pas les ressources pour rester trois jours à la maison sans sortir».

Par ailleurs, le recensement prévu en décembre a été reporté à avril 2015, a annoncé la présidence.