L'épidémie de fièvre hémorragique Ebola en Afrique de l'Ouest a tué plus de 2400 personnes sur 4784 cas, selon un nouveau bilan annoncé vendredi par la directrice de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), Margaret Chan.

«Au 12 septembre, il y a 4784 cas» et «plus de 2400 morts», a déclaré Mme Chan, lors d'une conférence de presse au siège de l'OMS à Genève. Elle n'a toutefois pas précisé si ces chiffres incluaient le Nigeria ou s'il s'agissait du bilan concernant les trois pays les plus affectés, soit la Guinée, le Liberia et la Sierra Leone.

Le précédent bilan publié mardi par l'OMS faisait état de 2300 morts sur 4293 cas dans toute l'Afrique de l'Ouest.

«Dans les trois pays les plus touchés, le nombre» de cas «augmente plus vite que la capacité à les gérer», a averti vendredi Mme Chan, appelant à une mobilisation plus large et plus importante de la communauté internationale.

Elle a également rappelé qu'il n'y avait plus un seul lit de disponible pour traiter les patients souffrant de l'Ebola au Liberia.

Lors d'une conférence de presse commune avec Mme Chan vendredi matin, le ministre cubain de la Santé, Roberto Morales Ojeda, a annoncé le déploiement de 165 docteurs et infirmiers en Sierra Leone pendant 6 mois, à compter de début octobre.

Il s'agit de l'envoi «le plus important» de spécialistes de la santé dans la région, a souligné la directrice générale de l'OMS.

Le virus Ebola, qui provoque des fièvres hémorragiques, tire son nom d'une rivière du Nord de l'actuelle République démocratique du Congo (ex-Zaïre), où il a été repéré pour la première fois en 1976. Son taux de mortalité varie entre 25 et 90% chez l'homme.

La transfusion de sang comme nouvelle arme

Face à l'urgence de la situation en Afrique et à l'absence de traitements contre Ebola, l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) a récemment encouragé les transfusions de sang de personnes guéries aux malades, une approche thérapeutique risquée qui pourrait avoir aidé deux médecins américains infectés.

Le Dr Rick Sacra, 51 ans, contaminé au Liberia et récemment rapatrié aux Etats-Unis pour être traité dans un hôpital du Nebraska, va beaucoup mieux, ont indiqué jeudi ses médecins.

Cette rémission pourrait s'expliquer selon eux par deux transfusions de plasma sanguin provenant d'un de ses confrères, Kent Brantly, 33 ans, guéri de l'infection.

Ce dernier avait lui-même reçu au Liberia, avant son rapatriement aux Etats-Unis pour y être traité, une transfusion de plasma provenant d'un adolescent guéri d'Ebola.

L'un des principaux membres de l'équipe soignante de Rick Sacra a expliqué que M. Brantly avait développé des anticorps contre le virus qui pourraient être efficaces chez une autre personne.

«Nous espérons que cela va doper son système immunitaire», a déclaré Dr Phil Smith lors d'une conférence de presse.

Cette technique appelée sérothérapie consiste à transfuser à des malades d'Ebola le plasma de personnes guéries. Pour l'OMS, ces sérothérapies peuvent être utilisées dès «maintenant» dans les pays affectés par Ebola, une conclusion «unanime» à laquelle sont parvenus près de 200 experts réunis la semaine dernière à Genève.

«Ce traitement est utilisé depuis des décennies chez des patients ayant une faible teneur en anticorps ou venant d'être exposés à des agents pathogènes comme les virus de l'hépatite A et B ou de la rage», explique Jeffrey Klausner, professeur de Médecine à l'Université de Californie à Los Angeles.

«Ces transfusions d'anticorps sont efficaces et peuvent provenir de plasma sanguin humain ou être produits par la bio-ingénierie», précise-t-il.

«Je ne vois aucune raison qui empêcherait de recourir à la sérothérapie pour traiter Ebola», juge quant à lui Noël Tordo, un virologue à l'Institut Pasteur à Paris.

«Le sérum peut provenir de sang humain ou de sérum d'animaux vaccinés», ajoute-t-il. «Dans le cas de la rage, ces sérums neutralisent le virus mais pour Ebola on n'en est pas encore sûrs», relève le scientifique.