Huit agents de santé chinois ont été placés en quarantaine en Sierra Leone après avoir soigné des malades d'Ebola, l'épidémie qui a obligé lundi le Liberia à mettre en quarantaine une troisième province affectée.

La flambée de fièvre hémorragique qui a déjà fait près de 1000 morts en Afrique de l'Ouest continue de susciter inquiétude et mobilisation à travers le monde.

L'Organisation mondiale de la Santé (OMS) a discuté lundi à huis clos avec des experts en éthique médicale de l'éventualité d'une utilisation de traitements expérimentaux.

Les personnels de santé restent en première ligne: sept médecins et un infirmier chinois qui avaient soigné des patients d'Ebola ont été «placés en quarantaine» ces deux dernières semaines en Sierra Leone, a annoncé l'ambassadeur de Chine à Freetown, Zhao Yanbo.

De son côté, le Liberia s'est vu contraint de muscler son dispositif.

La présidente Ellen Johnson Sirleaf a annoncé la mise en quarantaine de la province de Lofa (nord), la troisième région concernée par cette mesure exceptionnelle.

La région de Lofa est frontalière de la Guinée et de la Sierra Leone, deux pays frappés par l'épidémie qui touche également depuis juillet le Nigeria.

Selon le dernier bilan annoncé la semaine dernière, la maladie a déjà causé la mort de plus de 960 personnes sur près de 1800 cas (confirmés, suspects ou probables), essentiellement dans les trois premiers pays.

Cela représente un taux de décès de 54%.

Par mesure de prudence, la Côte d'Ivoire, où aucun cas n'a été signalé, a suspendu les vols de sa compagnie nationale avec les pays touchés.

Elle a aussi interdit à toutes les compagnies de transporter les passagers de ces zones vers Abidjan.

La Côte d'Ivoire est ainsi allée plus loin que les recommandations de l'OMS qui a décrété la semaine dernière une «urgence sanitaire mondiale» à propos d'Ebola, mais s'était refusé à déconseiller le déplacement dans les pays affectés.

Au nom de la «vigilance», le gouvernement ivoirien a annoncé avoir refoulé ces derniers jours «près d'une centaine de clandestins libériens» qui tentaient d'entrer dans le pays.

Pays le plus peuplé d'Afrique, le Nigeria a confirmé un nouveau cas à Lagos, plus grande ville d'Afrique de l'Ouest, portant à dix le nombre total de personnes touchées, selon le ministère nigérian de la Santé.

Parmi elles, deux personnes sont déjà mortes, dont un Américano-Libérien, Patrick Sawyer, décédé fin juillet à Lagos où il était venu en voyage.

«Un fou», a tranché le président nigérian Goodluck Jonathan en condamnant celui qui «a apporté Ebola» dans le pays. Le gouvernement fera «tout son possible» contre le virus, a-t-il promis devant des chefs religieux à Abuja.

Éthique médicale en question

Ces derniers jours, des malades présentant des symptômes proches de ceux d'Ebola ont été placés en quarantaine dans certains pays en Afrique comme en Europe et en Asie, mais les résultats des tests ont exclu la présence du virus, comme au Bénin et en Roumanie.

L'analyse était en cours lundi pour un Allemand en isolement au Rwanda.

En revanche, un religieux ghanéen, qui travaillait dans le même hôpital de Monrovia que le prêtre espagnol qui a été le premier rapatrié européen infecté par Ebola, est décédé dans la nuit de dimanche à lundi. Il s'agit du troisième décès parmi le personnel de cet hôpital catholique.

L'OMS, qui va recevoir 5 millions de dollars d'aide du Koweït, cherche à définir une position devant les appels pressants à utiliser des médicaments non autorisés pour tenter de sauver les malades.

Elle a tenu dans cet objectif une téléconférence entre experts, notamment sur les questions d'éthique médicale.

Après le traitement, avec de premiers résultats positifs, de deux Américains - contaminés au Liberia puis transférés dans leur pays - par l'un de ces médicaments conçu par la firme américaine Mapp Pharmaceuticals, les appels à son emploi se sont multipliés. Même s'il n'avait jamais été jusque-là expérimenté sur l'homme, et qu'il n'est donc agréé par aucune autorité sanitaire.

«Est-il éthique d'employer des médicaments non agréés, et si c'est le cas quels critères doit-on définir, dans quelles conditions doit-on administrer ce traitement et qui doit être traité?», telles sont quelques-unes des questions auxquelles cette réunion devait répondre, a indiqué à l'AFP Marie-Paule Kieny, assistante au Directeur général de l'OMS.

Le président guinéen Alpha Condé, dont le pays a été le premier frappé, a appelé à «faire d'Ebola une préoccupation mondiale jusqu'à la production du vaccin» contre ce virus.