Les forces gouvernementales kirghizes se sont rendues coupables d'exactions contre la minorité ouzbèke, notamment de torture en détention, moins de deux mois après des violences interethniques dans le sud du pays, a indiqué lundi Human Rights Watch.

Dans un rapport, publié lundi, l'ONG de défense des droits de l'homme Human Rights Watch (HRW) accuse Bichkek de ne pas être parvenu à protéger l'ethnie ouzbèke à la fois pendant et après les violences interethniques dans le sud du pays, qui ont provoqué la mort de plus de 370 personnes et fait 400 000 déplacés, selon le bilan officiel.

«Les recherches (menées) par Human Rights Watch indiquent que les agents chargés d'appliquer les lois ont régulièrement soumis les personnes détenues à la suite des violences de juin à de mauvais traitements et à la torture lors de leur détention», indique le rapport. «Alors que les autorités prétendent enquêter sur les crimes commis durant les violences de juin par les deux groupes ethniques, les recherches de Human Rights Watch indiquent que les opérations de sécurité ont visé de manière disproportionnée l'ethnie ouzbèke», ajoute-t-il.

Ce rapport est le résultat d'un travail de recherche de deux mois sur les violences qui ont explosé dans cette ancienne république soviétique en juin. Il décrit notamment dans le détail des cas de torture.

Les victimes disent ainsi avoir été brûlées par des mégots de cigarettes, étranglées et battues avec des matraques alors qu'elles étaient en détention.

Le rapport révèle également une implication directe des forces gouvernementales dans les violences commises en juin.

«Des douzaines de témoins (...) ont indiqué à HRW que des individus en tenue de camouflage, conduisant des véhicules militaires blindés, ont levé les barricades bloquant l'entrée aux quartiers ethniques ouzbeks, permettant ainsi l'entrée à des foules venues pour piller et brûler les maisons ouzbèkes», mentionne le rapport.

«Cet exemple fait craindre que certains éléments des forces gouvernementales ont soit participé activement, soit facilité les attaques sur les quartiers ouzbeks en fournissant une couverture, consciemment ou non, à des foules violentes», ajoute-t-il.

Le Kirghizistan peine à se stabiliser depuis la révolution d'avril qui a chassé du pouvoir le président Kourmanbek Bakiev. Depuis, le pays a été secoué par plusieurs vagues de violences, notamment de graves affrontements interethniques en juin.

Début août, la présidente kirghize, Rosa Otounbaïeva, a elle-même reconnu, dans un entretien à l'AFP, que les forces de l'ordre s'étaient rendues coupables d'exactions contre la minorité ouzbèke dans le sud du Kirghizistan.