L'attentat-suicide qui a tué lundi 41 personnes à Kano, dans le nord du Nigeria, avait pour but de diviser le pays, et de «créer des problèmes» entre musulmans et chrétiens, a déclaré jeudi un haut dignitaire musulman.

Cet attentat a été «perpétré par des gens de cette partie du pays (le nord, majoritairement musulman, ndlr) contre ceux du sud», majoritairement chrétiens, a affirmé à Kano l'émir de cette ville, Ado Bayero, lui-même victime récemment d'une tentative d'assassinat.

«Il semble que ces gens (les auteurs de l'attentat) s'obstinent à créer des problèmes entre notre population et celle du sud, qui ont vécu en harmonie depuis longtemps», a souligné l'émir, considéré comme le «numéro 2» des responsables musulmans du Nigeria, lors d'une rencontre avec le ministre de l'Intérieur, Abba Moro.

La gare routière attaquée par deux kamikazes lundi est surtout utilisée par des passagers se rendant dans le sud du pays, à majorité chrétienne. En janvier 2012, elle avait déjà été la cible d'une attaque à la bombe qui avait fait plusieurs blessés et avait alors été attribuée au groupe islamiste Boko Haram.

Ce nouvel attentat a eu lieu à Sabon Gari, un quartier essentiellement peuplé de chrétiens à Kano la plus grande ville du Nord, à majorité musulmane.

L'attentat n'a pas été revendiqué. Kano, deuxième ville du Nigeria, est régulièrement la cible d'attaques meurtrières du groupe islamiste Boko Haram, mouvement qui souhaite établir un État islamique au nord du Nigeria, et s'en est souvent pris à des églises. Boko Haram est considéré comme responsable de la mort de centaines de personnes au Nigeria depuis 2009.

Dans un communiqué officiel, qui ne cite pas explicitement Boko Haram, le président nigérian Goodluck Jonathan avait «condamné dans les termes les plus forts» cet attentat.

Jeudi, le ministre de l'Intérieur a affirmé que le gouvernement «continuerait de combattre l'insurrection islamiste».