Canular ou opération des services secrets: une fausse lettre attribuée au président ukrainien Petro Porochenko a semé la confusion jeudi, mais permis de convaincre la pilote ukrainienne Nadia Savtchenko d'arrêter sa grève de la soif, mais pas la faim.

Le courrier, transmis dans la matinée par l'avocat Mark Feïguine à cette militaire de 34 ans en attente du verdict dans son procès en Russie pour le meurtre de deux journalistes en Ukraine, appelait Nadia Savtchenko à arrêter sa grève de la faim et de la soif alors que cette dernière a cessé, depuis le 3 mars, de boire et de manger.

Mme Savtchenko avait dans la foulée annoncé qu'elle se remettait à boire de l'eau tout en continuant sa grève de la faim jusqu'à l'énoncé du verdict, attendu les 21 et 22 mars.

Mais la lettre du président ukrainien était un faux, a reconnu plus tard Mark Feïguine. «La lettre était fausse, mais nous ne l'avons établi que maintenant», a déclaré l'avocat à l'AFP.

Selon une source proche de la présidence ukrainienne, M. Porochenko avait bien fait savoir oralement à Nadia Savtchenko qu'il souhaitait qu'elle mette fin à sa grève de la faim et de la soif, mais pas par courrier.

«Le président a transmis des paroles de soutien à Nadia Savtchenko via sa soeur Vera et sa mère. Mais il ne lui a adressé aucune lettre», a assuré à l'AFP le porte-parole de la présidence ukrainienne, Sviatoslav Tsegolko.

Dans l'après-midi, un homme se faisant appeler Vladimir Kouznetsov et célèbre pour ses canulars a affirmé à l'AFP être à l'origine du faux.

Cet homme - Vovan de son pseudonyme - avait notamment piégé le chanteur pop Elton John en se faisant passer pour Vladimir Poutine.

Pour sa part, Mark Feïguine accuse les services spéciaux russes d'avoir orchestré une «opération bien planifiée» visant à «discréditer» Nadia Savtchenko et ses avocats à quelques jours de l'énoncé du verdict.

Il dit avoir reçu la lettre d'une personne se présentant comme employé de l'administration du président ukrainien. Cette même personne avait contacté mercredi soir le consulat général d'Ukraine à Rostov-sur-le-Don (sud de Russie) pour demander ses coordonnées, selon l'avocat.

La pilote est accusée d'avoir fourni à l'armée ukrainienne la position de deux journalistes russes tués par un tir de mortier dans l'est de l'Ukraine à l'été 2014, ce qu'elle nie.