Le parquet néerlandais va « étudier sérieusement » un rapport de journalistes d'investigation identifiant une vingtaine de soldats russes potentiellement impliqués dans l'écrasement du vol MH17, abattu en juillet 2014 dans l'est de l'Ukraine en guerre, a-t-il annoncé dimanche.

Le rapport a été rédigé par Bellingcat, qui se décrit comme un groupe de « journalistes citoyens ». Basé en Angleterre, Bellingcat est spécialisé dans la collecte et l'analyse d'informations disponibles sur les réseaux sociaux et autres sources dites « ouvertes ».

« Nous avons reçu le rapport juste après Noël », a déclaré à l'AFP Wim de Bruin, porte-parole du parquet néerlandais. Le parquet tente actuellement d'identifier les responsables de la catastrophe lors de laquelle 298 personnes, dont deux tiers de Néerlandais, avaient été tuées.

« Nous allons l'étudier sérieusement et déterminer s'il peut être utilisé pour l'enquête pénale », a affirmé la même source, selon laquelle le parquet a « déjà été en contact » avec Bellingcat par le passé.

Bellingcat avait affirmé en 2014 qu'un lanceur BUK observé le 17 juillet peu avant le crash en zone sous contrôle séparatiste, provenait d'un convoi militaire de la 53e brigade antiaérienne russe de la base de Koursk, alors en manoeuvre à proximité de la frontière ukrainienne.

Le même lanceur avait ensuite été filmé avec au moins un missile manquant.

Dans un entretien avec la télévision publique néerlandaise NOS publié dimanche, le fondateur de Bellingcat Eliot Higgins affirme que son organisation a identifié un groupe de 20 militaires de cette brigade qui « est probablement le groupe qui connaît la personne [qui a tiré, NDLR] ou dont fait partie la personne qui l'a fait ».

Bellingcat a pour cela consulté des photos postées sur les réseaux sociaux ou des listes de présence de l'armée publiées en ligne. Une version expurgée du rapport doit être publiée « d'ici peu », selon la NOS.

Une enquête internationale sur les causes de l'écrasement, coordonnée par les Pays-Bas, a affirmé en octobre qu'un missile sol-air de type BUK de fabrication russe avait été tiré, depuis une zone tenue par les séparatistes prorusses, sur le Boeing 777 de Malaysia Airlines.

Cette suggestion soutient la théorie avancée notamment par l'Ukraine et les États-Unis, mais que le Kremlin rejette fermement, accusant les forces ukrainiennes.

Une enquête pénale menée elle aussi par les Pays-Bas est en cours pour identifier les responsables de l'écrasement, mais de nombreux experts doutent que les auteurs du tir de missile soient un jour arrêtés et poursuivis.