L'Union européenne a donné son feu vert vendredi au prolongement pour six mois des sanctions économiques contre la Russie et fait un geste en direction de l'Ukraine et la Géorgie en supprimant les visas pour les courts séjours dans l'Union.

L'Italie avait réclamé que les dirigeants européens débattent des sanctions contre la Russie, qui frappent des pans entiers de l'économie russe, lors de leur dernier sommet de 2015 jeudi et vendredi à Bruxelles.

«J'ai trouvé incohérent de vouloir confirmer les sanctions sans avoir d'abord une petite discussion», a argué vendredi le chef du gouvernement italien, Matteo Renzi.

«Nous n'avons jamais caché notre position, même quand elle a fait l'objet de critiques fortes: pour combattre l'extrémisme et le radicalisme, nous avons aussi besoin de la Russie», a insisté M. Renzi, qui a récemment estimé que «l'approche antirusse ne conduira nulle part».

Mais les Européens tenaient à procéder discrètement au moment où la communauté internationale a besoin de Moscou, grand défenseur du régime de Bachar al-Assad, pour trouver une solution à la guerre en Syrie.

La décision, qui sera formellement adoptée lundi, a finalement été prise lors d'une réunion des 28 ambassadeurs auprès de l'UE, après le sommet. Ils «ont donné leur accord à l'extension des sanctions contre la Russie», a indiqué une source européenne, une deuxième précisant qu'elles arrivaient désormais à échéance au 31 juillet 2016.

Un peu plus tôt, le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker avait annoncé qu'il allait soumettre aux États membres une proposition pour supprimer les visas pour les voyages de moins de trois mois dans l'UE des ressortissants d'Ukraine, de Géorgie et du Kosovo.

La mesure, qui doit également recevoir l'aval du Parlement européen, ne prendra pas effet avant plusieurs mois.

«On y va»

Le président ukrainien Petro Porochenko a aussitôt réagi en lançant «On y va!» sur son compte Twitter. Le premier ministre géorgien Irakli Garibachvili a lui espéré que cette mesure améliorera «l'attractivité» de la Géorgie «pour nos frères» des républiques séparatistes d'Abkhazie et d'Ossétie du Sud.

«Ce n'est pas pour les activités rémunérées, mais pour les visites touristiques, les courts voyages d'études ou d'affaires, la participation à des salons commerciaux ou des conférences», a précisé le commissaire européen à l'Immigration Dimitris Avramopoulos.

L'Ukraine, la Géorgie et le Kosovo entretiennent des relations complexes avec la Russie, qui est en froid avec les dirigeants européens à la suite des sanctions individuelles et économiques décrétées pour la punir de son implication présumée dans le conflit ukrainien.

Moscou continue de nier farouchement avoir envoyé des troupes et des armes aux séparatistes prorusses dans l'est de l'Ukraine.

Pour protester contre l'annexion de la Crimée par la Russie, l'UE avait suspendu en mars 2014 tout dialogue sur une libéralisation des visas avec Moscou, qui réclamait depuis des années un tel régime pour ses ressortissants.

Les relations entre Kiev et Moscou ont ensuite rapidement empiré en raison du conflit en Ukraine qui a fait plus de 9.000 morts depuis mai 2014.

Par ailleurs, les tensions à propos des républiques séparatistes d'Abkhazie et d'Ossétie du Sud ont dégénéré en une brève guerre entre la Géorgie et la Russie en août 2008.

Enfin, Moscou refuse de reconnaître l'indépendance proclamée en 2008 par le Kosovo, une ancienne province serbe peuplée majoritairement d'Albanais.

Dans le cas du Kosovo, la Commission européenne a demandé encore quelques ajustements avant de lancer la procédure législative, qui devrait toutefois démarrer début 2016 pour les trois pays.

La libéralisation des visas concerne uniquement l'espace Schengen, formé par 22 pays de l'UE et quatre non-membres (Norvège, Suisse, Islande et Liechtenstein).