L'Est séparatiste prorusse de l'Ukraine s'est enfoncé un peu plus dans la violence vendredi, avec 11 morts supplémentaires en 24 heures, alors qu'aucune date n'est avancée pour une réunion du groupe chargé des négociations de paix.

Le Conseil de sécurité doit une nouvelle fois se réunir mercredi pour discuter de l'Ukraine, à la demande de la Lituanie, ont annoncé des diplomates vendredi soir à New York.

Face à l'impasse, le président des États-Unis Barack Obama et le premier ministre britannique David Cameron ont affirmé ensemble à Washington «la nécessité de maintenir de fortes sanctions contre la Russie» qu'ils accusent, avec l'Union européenne, de soutenir avec l'envoi d'hommes en armes les rebelles séparatistes, ce que dément Moscou.

Ces sanctions économiques occidentales, prises après l'annexion de la Crimée en mars et renforcées en juillet, pèsent lourdement sur la Russie qui se dirige vers sa pire crise économique depuis 16 ans.

«Les raisons pour lesquelles elles ont été décidées n'ont pas disparu», a également estimé dans une entrevue au Frankfurter Allgemeine Zeitung la chancelière allemande Angela Merkel, qui s'est entretenue dans l'après-midi avec le président Petro Porochenko pour évoquer l'inquiétant regain des combats dans l'Est depuis une semaine.

Les deux chefs d'État «se sont prononcés pour une désescalade et l'arrêt immédiat des hostilités du côté des rebelles» et ont appelé à une réunion «le plus rapidement possible» du Groupe de contact trilatéral chargé de négociations de paix, a indiqué la présidence ukrainienne dans un communiqué.

Ce groupe, composé de représentants de l'Ukraine, de la Russie et de l'OSCE et qui sert de médiateur avec les séparatistes, ne plus s'est plus réuni depuis le 24 décembre.

Une réunion prévue vendredi à Minsk n'a finalement pas eu lieu. Le représentant ukrainien avait en effet déclaré qu'elle n'avait aucun sens si les leaders rebelles n'y participaient pas en personne, et ceux-ci n'ont dépêché dans la capitale du Bélarus que leurs représentants.

La diplomatie bélarusse a déclaré n'avoir «aucune information sur la date de la prochaine réunion du groupe de contact».

La pire situation depuis septembre

Le vice-ministre russe des Affaires étrangères, Grigori Karassine, a affirmé qu'il devrait se réunir «dans les prochains jours» pour débattre de l'application des différents volets des accords de Minsk signés en septembre dernier (cessez-le-feu, retrait des armes, échanges de prisonniers, aide humanitaire). Mais «tant que des questions demeurent irrésolues, il faut plus de travail», a-t-il ajouté, cité par l'agence Ria Novosti.

Faute de progrès, un sommet de paix envisagé à Astana, au Kazakhstan, entre les présidents ukrainien Porochenko et russe Vladimir Poutine, sous l'égide du président français François Hollande et d'Angela Merkela, est également en suspens.

Sur le terrain, le bilan continue de s'alourdir. L'armée ukrainienne a fait état vendredi de six soldats tués et 18 blessés en 24 heures.

Cinq civils ont également été tués: quatre dans le fief séparatiste de Donetsk, selon les autorités locales, et un cinquième lors du bombardement d'un barrage ukrainien dans l'autre «république» sécessionniste de Lougansk, selon Kiev.

Depuis avril, plus de 4800 personnes sont mortes - civils et militaires - dans les combats entre armée ukrainienne et séparatistes prorusses.

Le coeur des combats reste la zone de l'aéroport de Donetsk, où les séparatistes ont lancé une offensive depuis jeudi. Ils ont tenté, sans succès pour l'instant, de chasser les troupes ukrainiennes de ce site très largement détruit mais à l'importance aussi stratégique que symbolique.

«Un nouvel assaut très intense a été lancé dès le matin (vendredi)», a affirmé Iouri Birioukov, un conseiller du président ukrainien, sur sa page Facebook. «Les combats sont vraiment intenses, la situation est la pire depuis fin septembre», a-t-il estimé.

Kiev s'inquiète également d'une accumulation de «véhicules blindés des rebelles» le long de la ligne de front. Un porte-parole militaire ukrainien, Andriï Lyssenko, a notamment indiqué que l'armée ukrainienne avait repéré «une colonne de chars longue de 3 kilomètres qui se dirigeait vers les positions ukrainiennes» à Gorlivka, près de Donetsk.