Des tirs nourris d'artillerie et de chars ont atteint jeudi l'aéroport de Donetsk, qui, bien que presque rasé, est devenu l'épicentre du regain des combats entre l'armée ukrainienne et les séparatistes prorusses dans l'est de l'Ukraine.

Selon The Associated Press, les rebelles prorusses ont affirmé s'en être emparés.

Des représentants de l'OSCE (Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe) ont tenté à deux reprises jeudi de se rendre sur place, mais y ont finalement renoncé face à l'intensité des bombardements.

L'escalade dans les violences qui a débuté il y a presque une semaine se poursuit dans le bassin houiller du Donbass. Si l'ensemble de la ligne de front paraît s'être réveillé, le coeur en est le bastion rebelle de Donetsk et son aéroport, que se disputent depuis mai les belligérants.

Les journalistes de l'AFP présents de part et d'autre de la ligne de front y ont constaté des tirs intenses et continus tout au long de la journée.

L'enjeu de ces bombardements est notamment le contrôle du plus récent des deux terminaux de l'aéroport, partiellement aux mains des Ukrainiens.

«Les combats pour l'aéroport ont atteint la même intensité qu'à leur pic fin septembre-début octobre», a affirmé sur Facebook un correspondant de guerre partisan de Kiev, Iouri Boutoussov, selon lequel «à plusieurs reprises, les belligérants n'étaient qu'à trois ou cinq mètres de distance, quasiment au corps à corps».

Un journaliste de l'AFP a entendu des conversations par talkiewalkie entre les soldats ukrainiens qui faisaient état de tirs nourris de chars visant à détruire un des murs du nouveau terminal et demandaient des renforts.

Des représentants de l'OSCE ont en vain tenté de se rendre sur place.

«Arrivés à proximité, nous avons estimé que la situation était trop imprévisible pour aller plus loin», a expliqué un des responsables de la mission, Alexander Hug, parlant de «combats continus» et d'«attaques à l'artillerie lourde en provenance des deux camps».

«Ces attaques sont également menées à partir des zones d'habitation ou de leurs périphéries et entraînent une riposte qui fait des victimes civiles et des dégâts dans les infrastructures», a-t-il ajouté.

Dans la soirée, l'armée ukrainienne a affirmé avoir déclenché une contre-offensive et avoir «repoussé» les rebelles, mais «la bataille continue».

Kiev a fait état de deux de ses soldats tués à l'aéroport. À Vodiané, village situé à six kilomètres à vol d'oiseau où les Ukrainiens emmènent ceux des leurs mis hors de combat à l'aéroport, un journaliste de l'AFP a vu dans l'après-midi un mort et cinq blessés dont deux graves.

Loi en vue d'une «mobilisation partielle»

Dans la capitale ukrainienne, le secrétaire du Conseil national de sécurité ukrainien Oleksandre Tourtchinov a présenté jeudi «deux scénarios» pour la suite.

«Le premier est la reprise sur une grande échelle des hostilités et une attaque avec la participation active des forces armées russes, dont les conséquences pourraient être une guerre continentale de grande ampleur», a-t-il assuré.

Le deuxième «implique des tentatives du Kremlin visant à empêcher la stabilisation de la situation en Ukraine» pour l'épuiser économiquement et militairement.

M. Tourtchinov a par ailleurs réaffirmé que la Russie était directement partie prenante au conflit.

Selon lui, 8500 des 38 000 hommes qui combattent l'armée ukrainienne sont des soldats de l'armée régulière russe. Environ 52 000 militaires supplémentaires sont présents près de la frontière, avec plus de 300 chars et 1800 autres véhicules blindés.

Face à cette «menace», le parlement ukrainien a voté une loi prévoyant trois vagues de «mobilisation partielle» en 2015, dont la première débutera le 20 janvier et touchera environ 50 000 personnes.

«L'Ukraine se prépare à la guerre. Nous sommes prêts à donner la réponse adéquate. Nous ne sommes pas faibles», a rétorqué le président de la «république» autoproclamée de Donetsk (DNR), Alexandre Zakhartchenko.

Jeudi a été une journée de deuil national en Ukraine à la mémoire des 13 civils tués dans un car frappé par une roquette à Volnovakha mardi dans la plus sanglante attaque contre des civils depuis les accords de paix de Minsk en septembre.

Les deux camps continuent de se rejeter la responsabilité du drame.