Kiev et les séparatistes prorusses devaient poursuivre samedi l'échange massif de prisonniers amorcé la veille dans le cadre d'un accord trouvé cette semaine lors de pourparlers de paix à Minsk qui n'ont pas permis de régler les différends de fond et sont depuis dans l'impasse.

Vendredi, les deux camps avaient procédé à un échange de centaines de prisonniers qui avait débuté par groupes de dix près de la ville de Kostiantynivka (45 km au nord du bastion rebelle de Donetsk). Il a concerné au total 222 rebelles  -hommes et femmes - et 146 soldats ukrainiens, a constaté un journaliste de l'AFP.

Les prisonniers, en civil et portant des sacs, étaient alignés en rang, se faisant face, à 100 mètres de distance.

Plusieurs représentants de l'OSCE (Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe) ont observé la scène, qui s'est déroulée dans l'obscurité sur une route seulement éclairée par quelques phares de voitures.

«Je suis heureux de rentrer à la maison, de voir mes parents et ma femme qui ne savent pas encore (que je suis libéré)», a confié à l'AFP Artem Siourik, 28 ans, médecin des troupes de l'Intérieur, capturé il y a quatre mois.

«Je veux juste manger des oeufs au plat et parler à mes parents», lance de son côté Denis Balboukov, un rebelle libéré, âgé de 21 ans, qui s'engage à «reprendre le combat».

Mais tous ne retournent pas du côté ukrainien. L'un d'eux, Alexeï Samsonov, qui a combattu dans l'armée ukrainienne, explique que puisqu'il est né en Russie, il désire rejoindre son pays natal.

Les prisonniers présentés par les rebelles étaient détenus dans la région de Donetsk, a précisé la représentante séparatiste, Daria Morozova. Selon elle, l'échange de cinq prisonniers de la république séparatiste voisine de Lougansk devrait avoir lieu samedi.

L'échange massif de prisonniers est le seul accord tangible trouvé mercredi lors de pourparlers entre le Groupe de contact composé de représentants de Kiev, de Moscou et de l'OSCE, et les séparatistes prorusses.

La poursuite des négociations était prévue vendredi à Minsk, mais n'a pas eu lieu.

Escalade verbale

Les insurgés réclament surtout la reprise du financement des zones sous leur contrôle coupé par Kiev à la mi-novembre et un «statut spécial» donnant plus d'autonomie aux régions de Donetsk et de Lougansk.

Ce statut était prévu par les accords signés à Minsk en septembre. Mais selon Kiev et les Occidentaux, les rebelles ont sapé ces accords en organisant début novembre des élections dénoncées par la communauté internationale et dont les autorités ukrainiennes demandent l'annulation.

Les toutes premières négociations de Minsk en septembre visaient déjà à mettre un terme à un conflit qui a fait plus de 4700 morts en huit mois.

Signe de la nervosité ambiante, Kiev et les rebelles se sont mutuellement accusés de vouloir saper le processus de paix. Le dirigeant de la république autoproclamée de Donetsk, Alexandre Zakhartchenko, a ainsi estimé jeudi que Kiev cherchait à «faire échouer les négociations de paix» et préparait une «offensive majeure».

L'agence de presse Interfax-Ukraine, généralement bien renseignée sur la position du négociateur ukrainien, l'ex-président Léonid Koutchma, a rapporté jeudi que les rebelles cherchaient pour leur part à revoir les accords de paix précédemment conclus à Minsk.

Les républiques autoproclamées de Donetsk et de Lougansk ont été représentées mercredi «par des gens incompétents qui ne prennent pas de décisions et ne sont pas au courant des accords conclus précédemment», a lancé une source proche des négociations citée par l'agence.