Les pourparlers de paix entre Kiev et les séparatistes prorusses de l'Est mercredi à Minsk ont été «difficiles» et aucune date n'a été fixée pour la prochaine rencontre, ont annoncé mercredi les émissaires des rebelles.

Les discussions qui ont repris après quasiment quatre mois d'interruption pendant lesquels le bilan humain du conflit s'est alourdi pour passer à plus de 4700 morts se sont déroulées à huis clos et ont duré plus de cinq heures dans l'ancienne résidence du président bélarusse Alexandre Loukachenko.

«C'était une rencontre préliminaire difficile. (...) La date de la prochaine rencontre n'a pas été établie», a déclaré l'émissaire de la république autoproclamée de Donetsk Denis Pouchiline à un site internet des séparatistes à l'issue de ces pourparlers. Cité par son service de presse, l'émissaire de la république séparatiste de Lougansk Vladislav Deïnego a dit la même chose.

Le dirigeant de la «République de Donetsk» Alexandre Zakhartchenko a pourtant rappelé qu'un «deuxième cycle (de discussions) était prévu», sans fournir plus de détails.

Il était initialement prévu qu'en cas de succès cette rencontre soit suivie de nouveaux pourparlers vendredi avec les dirigeants des régions de Donetsk et de Lougansk.

Les discussions de mercredi ont réuni l'ex-président ukrainien Léonid Koutchma, l'ambassadeur de Russie à Kiev Mikhaïl Zourabov, la représentante de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) Heidi Tagliavini et les émissaires des rebelles.

Le conseiller diplomatique de la présidence ukrainienne Valéri Tchaly a prévenu qu'il ne fallait pas s'attendre à des résultats mercredi.

«Le travail sera commencé aujourd'hui (mercredi) pour donner un résultat concret vendredi soir», a-t-il souligné.

«Chance d'arrêter la guerre»

Après deux semaines d'incertitude, c'est le président ukrainien Petro Porochenko qui avait annoncé ces pourparlers de mercredi et de vendredi après un entretien téléphonique à quatre avec la chancelière allemande Angela Merkel, et les présidents français François Hollande et russe Vladimir Poutine.

Pour Konstantin Dolgov, responsable du ministère russe des Affaires étrangères, ces négociations «représentent une chance réelle d'arrêter la guerre».

Le dirigeant de la république autoproclamée de Donetsk Alexandre Zakhartchenko a indiqué dans la matinée que la question de l'échange de prisonniers «tous contre tous» devait être abordée mercredi.

Les services de sécurité ukrainiens (SBU) ont annoncé  être prêts à échanger 225 personnes dont des citoyens russes.

Selon des sources ukrainiennes, de 630 à 690 Ukrainiens - militaires, journalistes, volontaires et autres - sont toujours détenus par les rebelles.

Les insurgés réclament surtout la reprise du financement des zones sous leur contrôle coupé par Kiev à la mi-novembre et un «statut spécial» pour les régions de Donetsk et de Lougansk.

Ce statut était prévu par les accords signés à Minsk en septembre. Selon Kiev et les Occidentaux, les rebelles ont sapé ces accords en organisant début novembre des élections dénoncées par la communauté internationale et dont les autorités ukrainiennes demandent l'annulation.

Kiev fait un pas vers l'OTAN

Une nouvelle trêve a été conclue le 9 décembre et semble globalement respectée malgré des échanges quotidiens de tirs sporadiques.

Les pourparlers de Minsk se déroulent sur fond de tensions grandissantes entre Kiev et Moscou au lendemain du vote très symbolique du Parlement ukrainien sur l'abandon du statut de pays non-aligné, décision qui permet à terme à l'Ukraine de demander son adhésion à l'OTAN.

Pour Moscou, cette décision est «absolument contre-productive» et ne fera qu'«exacerber le climat de confrontation», a réagi le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov.

Le premier ministre russe Dmitri Medvedev a pour sa part estimé que l'Ukraine devenait ainsi «un adversaire militaire potentiel de la Russie» qui sera contrainte de «réagir».

Mais l'Ukraine cherche des garanties pour sa sécurité après avoir perdu en mars la Crimée rattachée à la Russie à la suite de la chute du président prorusse Viktor Ianoukovitch qui avait réprimé dans le sang des manifestations pro-européennes à Kiev avant de se réfugier en Russie.

Kiev et l'Occident accusent également Moscou d'avoir ensuite organisé et armé la rébellion prorusse dans l'est de l'Ukraine, poussant les autorités ukrainiennes à déclencher une offensive militaire qui a débouché sur un conflit en avril.

La Russie est aussi accusée d'avoir déployé des troupes régulières - jusqu'à 10 000 soldats actuellement, selon Kiev - dans la zone des combats en Ukraine. Frappé par de lourdes sanctions occidentales, Moscou dément catégoriquement toute implication.