Le chef de la diplomatie américaine John Kerry et son homologue russe Sergueï Lavrov se sont retrouvés dimanche à Rome, pendant trois heures, pour la première fois depuis le vote par le Congrès d'une loi autorisant la livraison d'armes létales à Kiev.

La Russie a menacé samedi de prendre des mesures de rétorsion contre les États-Unis si ce texte, intitulé «Acte de soutien à la liberté de l'Ukraine» et voté à l'unanimité des parlementaires américains, était appliqué. Il ouvre également la voie à de nouvelles sanctions américaines contre la Russie.

«Il n'y a aucun doute que nous ne pourrions pas laisser cela sans réponse», a averti le vice-ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Riabkov.

Le président américain a désormais le choix entre promulguer la loi ou mettre son veto contre celle-ci. La Maison-Blanche n'a pas dévoilé ses intentions, bien que Barack Obama ait récemment qualifié de «contre-productive» l'imposition de sanctions américaines supplémentaires sans coordination avec l'Union européenne.

La livraison d'armes par les États-Unis à l'Ukraine est également du ressort du président Obama, qui y reste à ce stade opposé.

Outre l'Ukraine, MM. Kerry et Lavrov ont également évoqué la situation en Syrie, et surtout au Proche-Orient, selon un haut responsable du Département d'État, «sujet principal de cette 17e rencontre de l'année entre les deux hommes», selon Moscou.

«Nous avons un grand nombre de questions essentielles à discuter», a simplement déclaré M. Kerry avant le début des entretiens qui se sont déroulés à la résidence de l'ambassadeur des États-Unis à Rome.

Son homologue russe a évoqué le Proche-Orient et la nécessité d'éviter que «la situation ne se détériore encore davantage», assurant chercher «ce qui peut être fait ensemble pour l'éviter».

Selon ce responsable du Département d'État, les deux hommes «se sont mis d'accord pour continuer à travailler étroitement sur le sujet (du Proche-Orient) et ont souligné la nécessité que toutes les parties prennent des mesures visant à réduire la tension».

Les Palestiniens ont toutefois annoncé vouloir soumettre dès mercredi un projet de résolution réclamant d'ici à deux ans la fin de l'occupation israélienne.

Washington s'oppose à toute mesure unilatérale de la part des Palestiniens visant à obtenir des Nations unies la reconnaissance d'un État, jugeant qu'il doit être l'aboutissement de négociations de paix.

Concernant l'Ukraine, M. Kerry a réaffirmé l'importance de mettre «pleinement en oeuvre les accords de Minsk et de parvenir à une désescalade sur le terrain», selon cette source.

Washington souhaite aboutir à la mise en oeuvre de cet accord sur le cessez-le-feu, signé en septembre dernier, et «généralement considéré comme le meilleur moyen pour parvenir à cette désescalade», selon la même source.

La menace de nouvelles sanctions américaines survient alors que l'économie russe est déjà plombée par les précédentes sanctions occidentales et la chute des prix du pétrole.

À Kiev, des députés ont qualifié d'«historique» le vote du Congrès, alors que l'Ukraine cherche désespérément depuis des mois à convaincre ses alliés de lui vendre des armes pour ses soldats, largement sous-équipés face à des rebelles prorusses soutenus militairement, selon Kiev et les Occidentaux, par la Russie.

En huit mois, le conflit ukrainien a fait 4634 morts, selon l'ONU, soit plus de 300 morts supplémentaires en trois semaines.

14 attaques en 24 heures

Sur le terrain, où une trêve a été annoncée mardi dans l'Est séparatiste prorusse, les combats ont nettement diminué sans toutefois avoir cessé.

Dimanche, l'armée ukrainienne a fait état de 14 attaques contre ses positions au cours des dernières 24 heures, y compris des tirs au mortier ou au lance-roquettes.

Au bord de la faillite, l'Ukraine a mis en oeuvre un programme de réformes radicales, salué samedi par le numéro deux du Fonds monétaire international (FMI), David Lipton, qui s'est dit «impressionné» à l'issue d'une visite à Kiev samedi.

Le FMI, qui a accordé au printemps à Kiev une aide financière de 17 milliards de dollars dans le cadre d'un plan de sauvetage de 27 milliards monté par les pays occidentaux, a averti en novembre que le pays aurait besoin de 19 milliards supplémentaires d'ici à la fin 2015.

Le déblocage de nouveaux fonds serait crucial pour les autorités ukrainiennes, qui doivent notamment rembourser leur dette gazière envers la Russie et trouver une solution à la pénurie de charbon qui menace le pays à l'approche de l'hiver.