«Il faut saisir les occasions» quand elles se présentent, a déclaré samedi le président François Hollande au début de son entretien à Moscou avec Vladimir Poutine sur la crise ukrainienne.

«Il y a des périodes où il faut saisir des occasions. Nous en sommes arrivés là», a déclaré le chef de l'État français avant une rencontre dans un salon de l'aéroport Vnoukovo, près de Moscou.

«Ces problèmes sont bien difficiles. Mais nos discussions ont des résultats positifs», a dit pour sa part l'homme fort du Kremlin.

François Hollande était arrivé quelques minutes plus tôt à l'aéroport en provenance du Kazakhstan où il a effectué une visite de 48 heures.

Selon une source à la présidence française, il a appelé la chancelière allemande Angela Merkel pour la prévenir de son escale surprise à Moscou. Il s'est également entretenu par téléphone avec son homologue ukrainien Petro Porochenko.

La visite de M. Hollande est la première d'un dirigeant occidental en Russie depuis le début de la grave crise ukrainienne.

Les deux hommes doivent discuter de la crise en Ukraine, des relations entre la Russie et l'Europe, de la Syrie et du nucléaire iranien.

Ce tête-à-tête intervient à un moment clef dans la crise ukrainienne alors que les combats entre forces loyalistes et prorusses ont redoublé d'intensité en Ukraine à quelques jours de l'entrée en vigueur d'une trêve visant à mettre fin à huit mois de conflit meurtrier. Six soldats ukrainiens ont encore été tués en 24 heures dans l'Est séparatiste.

La dernière rencontre en tête-à-tête entre Vladimir Poutine et François Hollande remontait au 15 novembre, en marge du sommet du G20 de Brisbane (Australie).

«La tension, la pression ne sont jamais des solutions», avait souligné vendredi le chef de l'État français lors d'une conférence de presse avec son homologue kazakh Noursoultan Nazarbaïev, plaidant pour une «désescalade» d'abord «verbale» puis «dans les mouvements» militaires en Ukraine.

«Je n'ai jamais cessé de chercher le dialogue», avait-il fait valoir, la France étant selon lui «dans une position qui lui permet de parler aux uns et aux autres» et d'avoir leur «confiance».

«Nous allons travailler ensemble pour chercher tous les points qui permettront de clarifier et d'engager une désescalade» dont «nous avons besoin, car il y a des risques, toujours, d'une escalade supplémentaire et des menaces sérieuses sur l'économie de l'ensemble de la région», avait-il encore insisté.

La rencontre Hollande-Poutine intervient aussi dans un climat tendu concernant l'affaire du Mistral.

Interrogé vendredi par l'AFP sur ce dossier, le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov a déclaré: «C'est un problème de réputation pour la France. Ils doivent remplir toutes leurs obligations selon le contrat».

Or c'est précisément la guerre en Ukraine qui, de l'avis de la France, empêche la livraison du premier des deux navires Mistral que Paris a vendus à la Russie, un contrat qui déplaît aux Américains, dans le climat actuel d'un retour à une Guerre froide.

Le président François Hollande avait ainsi annoncé le 25 novembre le report «jusqu'à nouvel ordre» de la livraison du premier Mistral, considérant «que la situation actuelle dans l'est de l'Ukraine» ne permettait toujours pas cette livraison.