La Russie a été durement critiquée mardi à Bruxelles pour son soutien aux rebelles séparatistes dans l'est de l'Ukraine lors d'une réunion de l'OTAN où l'annonce de trêves dans les zones de conflit a été accueillie avec circonspection.

Les 28 ministres de l'Alliance ont condamné «la déstabilisation continue et délibérée par la Russie de l'est de l'Ukraine» et demandé à Moscou de «revenir sur» son annexion «illégale» de la Crimée en mars, après un entretien par vidéoconférence avec leur homologue ukrainien Pavlo Klimkine.

La Russie dément toute implication aux côtés des rebelles prorusses dans le conflit qui ravage l'est de l'Ukraine.

Mais «depuis l'accord de cessez-le-feu de Minsk datant du 5 septembre, la Russie a envoyé plusieurs centaines de pièces d'équipement militaire, dont des tanks, des blindés et des pièces d'artillerie lourde, directement aux séparatistes prorusses en Ukraine», a accusé le secrétaire d'État américain, John Kerry.

«Les forces militaires russes opèrent toujours dans l'est de l'Ukraine, où elles soutiennent les séparatistes sur le plan du commandement», a-t-il poursuivi lors d'une conférence de presse.

«La Russie et les séparatistes qu'elle soutient peuvent évidemment faire un choix très différent de celui-ci», a-t-il ajouté, les appelant à «venir à la table» des négociations et à «mettre pleinement en oeuvre» l'accord de Minsk, sans cesse violé.

Les rebelles prorusses et les autorités ukrainiennes se sont mis d'accord sur une trêve dans deux des points les plus chauds du conflit dans l'Est et travaillaient mardi à un cessez-le-feu qui pourrait s'étendre à toute la ligne de front.

Mais ces annonces ont été accueillies avec circonspection à Bruxelles.

«Il n'est pas clair (...) si cela a de la substance», a commenté mardi matin le ministre allemand Franz Walter Steinmeier, alors qu'une seule de ces trêves, dans le bastion séparatiste de Lougansk, avait été annoncée. Si c'était confirmé, «cela serait évidemment une bonne nouvelle», a dit la nouvelle chef de la diplomatie de l'Union européenne, Federica Mogherini.

«Dans tous les cessez-le-feu, c'est la mise en oeuvre qui compte», a mis en garde un responsable de l'OTAN.

Kiev souhaite reprendre le processus d'adhésion à l'OTAN interrompu par le président prorusse Viktor Ianoukovitch, chassé du pouvoir en février. Une perspective inacceptable pour Moscou, qui dénonce une provocation à ses frontières.

«Si l'Ukraine le veut, elle peut se porter candidate», a affirmé le secrétaire général de l'OTAN, Jens Stoltenberg, soulignant qu'il s'agissait là de «la décision d'un pays indépendant».

Pour rassurer les pays baltes et la Pologne et «dissuader» leur voisin russe, qui a multiplié les vols militaires aux frontières de l'OTAN, les Alliés «maintiendront en permanence, par rotation, des forces aériennes, maritimes et terrestres» dans l'est du continent en 2015 et «organiseront des exercices supplémentaires», ont assuré les ministres.

Réunion de la coalition

En attendant la création en 2016 d'une force «fer-de-lance» de quelque 4000 hommes capables de se déployer en 48 heures si une crise éclatait, une force «intérimaire» composée de troupes au sol allemandes, néerlandaises et norvégiennes sera créée «début 2015».

Cette force doit permettre de réagir rapidement si la situation dégénérait à l'est, mais aussi au sud où la Turquie, pays membre de l'OTAN, observe avec inquiétude les menées des jihadistes de l'État islamique en Irak et en Syrie.

La coalition internationale contre le groupe État islamique, qui réunit près de 60 pays, doit d'ailleurs se réunir pour la première fois au niveau ministériel mercredi dans les locaux de l'OTAN à Bruxelles, à l'invitation de M. Kerry.

Enfin, les ministres de l'Alliance ont entériné mardi la fin de la mission de combat de l'OTAN (Isaf) en Afghanistan, alors que l'inquiétude grandit après une série d'attentats meurtriers des talibans. Elle sera remplacée par une mission de formation des forces afghanes, «Soutien résolu». Forte de 12 500 hommes, dont près de 10 000 soldats américains, elle doit être déployée au 1er janvier.