Les Occidentaux intensifient leurs efforts diplomatiques pour sauver le cessez-le-feu constamment violé dans l'est de l'Ukraine où les combats ont fait douze morts civils et militaires en 24 heures et les séparatistes prorusses poursuivaient mardi leur assaut contre l'aéroport de Donetsk.

Quatre civils ont été tués lundi à Donetsk et trois dans la région voisine de Lougansk, selon les autorités locales, apportant un nouveau signe de la fragilité du processus de paix. Cinq soldats ukrainiens ont également péri, selon Kiev.

Il s'agit de l'un des bilans les plus lourds constatés depuis l'instauration d'un cessez-le-feu le 5 septembre, censé permettre la création d'une zone tampon le long de la ligne de front dans l'est où les combats depuis avril ont fait plus de 3000 morts.

À Donetsk, des journalistes de l'AFP ont entendu dans la matinée de fortes détonations et des explosions provenant de l'aéroport, après un intense échange de tirs lundi soir dans la même zone.

Cet aéroport, seule enclave que l'armée ukrainienne affirme contrôler depuis le mois de mai dans une ville entièrement aux mains des séparatistes, est au coeur de combats intenses depuis plus d'une semaine.

Les rebelles revendiquent eux aussi un contrôle quasi total du site qui devrait leur permettre d'acheminer plus facilement de l'aide en provenance de Russie.

«Les rebelles n'arrêtent pas leurs tentatives d'assaut contre l'aéroport», a annoncé le centre de presse de l'opération de l'armée régulière contre les séparatistes.

Selon l'armée, les barrages des forces ukrainiennes dans la ville de Chtchastia qui abrite une centrale fournissant l'électricité à Lougansk, une autre capitale régionale et fief des séparatistes prorusses, ont essuyé des tirs.

L'armée affirme avoir repoussé une attaque rebelle près de Marioupol, sur les bords de la mer d'Azov, dans le sud-est de l'Ukraine.

Malgré les combats, les séparatistes tentent d'organiser leurs propres élections indépendantes des législatives ukrainiennes du 26 octobre. Mardi, les autorités des républiques autoproclamées de Donetsk et de Lougansk ont indiqué envisager de reporter au 9 novembre leurs élections présidentielle et législatives initialement prévues le 2 novembre.

Pour sa part, le président ukrainien Petro Porochenko a appelé mardi l'OSCE à augmenter de 250 à 1500 personnes le nombre de ses observateurs chargés de contrôler le respect du cessez-le-feu dans son pays, a rapporté son service de presse.

Retombées économiques

Selon le ministère ukrainien des Affaires étrangères, le cessez-le-feu, depuis son instauration, a ainsi été violé plus de 1200 fois, ce qui a coûté la vie à 88 personnes, dont 56 militaires et 32 civils.

Cette situation a fait lundi l'objet d'une discussion téléphonique entre le président Porochenko et la chancelière allemande Angela Merkel qui, selon Kiev, ont constaté «l'absence d'un progrès substantiel» dans l'application du cessez-le-feu.

Le porte-parole de la chancelière a souligné à l'issue de cet entretien que «la Russie devait exercer son influence de manière clairement plus marquée sur les séparatistes afin de contribuer à une stabilisation».

«Nous savons qu'il n'est pas respecté. Les tirs se poursuivent», a aussi dénoncé à Kiev Victoria Nuland, la principale responsable des questions européennes au département d'État.

La haute diplomate a assuré qu'en cas de respect total de l'accord du 5 septembre, les États-Unis reviendraient sur certaines des sanctions introduites contre la Russie, accusée d'armer les séparatistes et d'avoir déployé des troupes régulières pour les soutenir.

Dans le cas inverse, la Russie subira «de nouveaux coûts», a-t-elle prévenu.

Mme Nuland a également salué l'adoption mardi par le Parlement ukrainien de lois destinées à lutter contre la corruption, endémique dans l'ex-république soviétique, qui constitue selon elle «la menace la plus importante au futur économique de l'Ukraine».

Le pays se trouve déjà confronté à un effondrement de son économie, mais les retombées économiques de la crise ukrainienne vont bien au-delà de ses frontières. Le Fonds monétaire international a abaissé mardi ses prévisions de croissance mondiale pour 2014 (3,3%, -0,1 point) et 2015 (3,8%, -0,2 point) notamment à cause des tensions géopolitiques.

Les sanctions occidentales ont déjà placé l'économie russe, déjà en fort ralentissement, au bord de la récession.