L'armée ukrainienne et les rebelles prorusses étaient censés mettre en oeuvre samedi le mémorandum signé à Minsk, qui vise à renforcer le fragile cessez-le-feu déjà en vigueur en instaurant une zone tampon de 30 km de part et d'autre de la ligne de front.

Samedi soir, ni Kiev ni les rebelles n'avaient fait état d'un début de mise en oeuvre des dispositions de ce mémorandum. Et la poursuite de tirs à l'arme lourde près de l'aéroport de Donetsk, contrôlé par l'armée ukrainienne, préfigure le casse-tête qui attend les observateurs de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), chargés de surveiller l'application du cessez-le-feu.

Ce mémorandum en neuf points, signé deux semaines après un premier protocole de cessez-le-feu, a été obtenu au terme de pourparlers dans la nuit de vendredi à samedi dans un grand hôtel de la capitale bélarusse entre émissaires de Moscou, Kiev et de la rébellion séparatiste, sous l'oeil de l'OSCE.

Il constitue néanmoins un pas supplémentaire dans la désescalade des violences, après cinq mois d'un conflit qui a fait près de 2.900 morts et a poussé plus de 600 000 civils à fuir leur maison.

Gel des positions

Le texte prévoit un cessez-le-feu complet, la création d'une zone démilitarisée et le recul dans les 24 heures pour chaque belligérant de son artillerie lourde (pièces supérieures à un calibre de 100 mm) à 15 kilomètres de la «ligne de contact».

«Ce sera l'occasion de créer une zone de cessez-le-feu d'au moins 30 kilomètres de large», a résumé l'émissaire pour Kiev, l'ancien président Léonid Koutchma.

L'idée est donc de geler le rapport de forces actuel et d'établir cette zone tampon à partir de la ligne de front. La zone contrôlée par les rebelles s'étend sur 230 km de Lougansk au nord à la mer d'Azov au sud et sur 160 km dans sa plus grande largeur entre Donetsk à l'ouest et la frontière russe à l'est.

Le mémorandum n'a pas statué sur l'épineux problème de l'aéroport de Donetsk, encerclé par les rebelles. Et l'on voit mal comment les militaires ukrainiens l'abandonneraient.

Les belligérants ont également convenu de ne pas utiliser d'armes lourdes dans les zones habitées et d'interdire aux avions de combat et aux drones de survoler la zone de sécurité, qui sera sous surveillance de l'OSCE.

L'organisation, qui compte pour l'heure 250 observateurs en Ukraine, doit doubler ce chiffre d'ici à la fin de l'année. Elle aura la difficile mission, compte tenu de la modestie de ses moyens et de la taille du territoire, de surveiller, y compris avec des drones, le respect du cessez-le-feu.

Le président en exercice de l'OSCE, Didier Burkhalter, a ainsi appelé ses 57 États membres à soutenir davantage la mission en Ukraine, à la fois financièrement et en lui confiant davantage d'observateurs.

Aux termes du mémorandum, «tous les groupes armés étrangers, l'équipement militaire, les combattants et les mercenaires» doivent se retirer d'Ukraine, une référence aux soldats russes qui, selon Kiev et les Occidentaux, prennent part au combat.

«Pour ce qui est des forces armées russes sur le terrain, oui, elles sont toujours à l'intérieur de l'Ukraine», a déclaré samedi le commandant en chef des forces alliées, le général Philip Breedlove.

Le cessez-le-feu n'a «de cessez-le-feu que le nom», a ajouté le général américain lors d'une réunion de l'Alliance atlantique à Vilnius.

Il a affirmé que le cessez-le-feu du 5 septembre entre séparatistes et forces de Kiev «existait seulement sur le papier», et que «ce qui se passait sur le terrain, était une toute autre histoire». «Mais nous espérons que cela va changer», a-t-il ajouté.

«Le flux incessant des forces russes et des forces prorusses, à travers la frontière, leur va-et-vient, fait qu'il est pratiquement impossible de les chiffrer», a-t-il déclaré lors d'une conférence de presse.

Le nombre des troupes russes à l'intérieur de l'Ukraine «a baissé de manière significative» par rapport à leur niveau le plus élevé, selon lui, il y a «plus d'une semaine».

Cependant, ces troupes «ne sont pas rentrées dans leur pays et sont toujours prêtes à intervenir militairement en Ukraine si tel est le désir».

Moscou dément toute présence militaire dans les régions séparatistes, malgré les informations de plusieurs médias indépendants russes faisant état de funérailles tenues en secret de parachutistes dans le nord de la Russie et citant des proches selon lesquels ils ont été tués en Ukraine.

«Statut spécial» pas évoqué

Le «vice-premier ministre» de la République prorusse unilatéralement proclamée de Donetsk (RPD), Andreï Pourguine, avait indiqué que les participants à la réunion de Minsk évoqueraient en priorité le «statut spécial» des régions de Donetsk et de Lougansk.

À l'issue de cette séance de négociations, la question, sensible, n'a pourtant pas été discutée.

Sur le terrain, la trêve a certes permis une baisse des violences, mais les violations régulières par les deux parties du cessez-le-feu ont conduit à la mort d'au moins 35 personnes, civils et militaires, selon un comptage fait par l'AFP à partir des chiffres des autorités locales et de l'armée.

Des centaines de milliers de civils dans l'Est connaissent de graves pénuries de produits de base, d'eau et d'électricité. Samedi, un troisième convoi d'aide russe, transportant eau et nourriture, est arrivé à Donetsk.

Et un premier convoi d'aide ukrainienne est, lui, arrivé à Starobilsk et Severodonetska, dans la région de Lougansk. Selon Kiev, il s'agit de dix voitures transportant des vivres qui depuis août attendaient d'être acheminées.

Les forces russes «toujours à l'intérieur de l'Ukraine», selon l'OTAN

Le général américain Philip Breedlove, commandant en chef des forces alliées, a déclaré samedi lors de la réunion de l'OTAN à Vilnius que les forces russes étaient «toujours à l'intérieur de l'Ukraine».

«Pour ce qui est des forces armées russes sur le terrain, oui, elles sont toujours à l'intérieur de l'Ukraine», a déclaré à la presse le général Breedlove, sans préciser leur nombre.

Le général américain a affirmé que le cessez-le-feu du 5 septembre entre séparatistes et forces de Kiev, «existait seulement sur papier», et que «ce qui se passait sur le terrain, était une tout autre histoire». «Mais nous espérons que cela va changer», a-t-il ajouté.

«Le flux incessant des forces russes et des forces pro-russes, à travers la frontière, leur va-et-vient, fait qu'il est pratiquement impossible de les chiffrer», a-t-il déclaré lors d'une conférence de presse à Vilnius.

Pendant une réunion de deux jours, les chefs d'état-major des 28 membres de l'OTAN ont discuté de la sécurité régionale et de leurs relations avec la Russie, alors qu'un nouveau cessez-le-feu a été signé à Minsk entre les séparatistes et Kiev.

Le général Breedlove a déclaré qu'il espérait des résultats positifs du mémorandum signé dans la nuit, au bout de sept heures de négociations marathon dans la capitale bélarusse, à 200 kilomètres de Vilnius, qui prévoit notamment un arrêt de l'usage des armes et un retrait de 15 km des pièces d'artillerie lourde des deux camps de part et d'autre de leur «ligne de contact».

«Nous avons entendu parler aujourd'hui de nouveaux accords possibles (...) qui permettent d'espérer que les deux parties combattantes pourront parvenir à un accord qui de nouveau mettra en place une situation de cessez-le-feu», a déclaré le général américain.

Le mémorandum en neuf points instaure un cessez-le-feu et la création d'une zone démilitarisée de 30 km au terme de négociations de paix, en 24 heures à compter de sa signature.

Les belligérants ont convenu de ne pas utiliser d'armes lourdes dans les zones peuplées et d'interdire aux avions de combat et aux drones de survoler la zone de sécurité qui sera placée sous la surveillance de l'OSCE.

L'OTAN a annoncé samedi à Vilnius que le général tchèque Petr Pavel, chef d'état-major tchèque, présidera l'année prochaine le Comité militaire, la plus haute autorité militaire de l'OTAN, succédant au général danois Knud Bartels.

Petr Pavel sera le premier général venant d'Europe centrale et orientale à occuper ce poste.