Le président russe Vladimir Poutine s'est moqué vendredi des États-Unis et de l'Europe, estimant que les sanctions décrétées contre la Russie n'étaient que «peu efficaces» et obligeraient au final les responsables russes à travailler plus plutôt que de «se dorer la pilule» à l'étranger.

Le chef de l'État russe, qui s'exprimait à l'issue d'un sommet de l'Organisation de Coopération de Shanghaï (OCS) à Douchanbé, a concentré ses critiques contre l'administration du président Barack Obama, l'accusant de se servir de la situation en Ukraine pour «réanimer l'OTAN» à son profit.

«Les sanctions comme instrument de politique extérieure (sont) peu efficaces et n'ont jamais apporté les résultats attendus», a raillé le président Poutine, selon des images de la télévision russe, quelques heures après le renforcement des sanctions économiques décrétées par Washington et par Bruxelles.

«Si on regarde le problème dans son intégralité, il y a plus de positif que de négatif», a-t-il ensuite ironisé. «Si moins de responsables et de dirigeants de grandes entreprises voyagent à l'étranger, et que davantage s'occupent de leurs affaires courantes, alors c'est pour le mieux», a déclaré M. Poutine. «Même chose pour les députés, qui doivent parler à leurs électeurs plutôt que de se dorer la pilule dans une station balnéaire à l'étranger», a-t-il ajouté en souriant.

Le chef de l'État russe, accusé par les Occidentaux de soutenir la rébellion prorusse dans l'est de l'Ukraine et d'y avoir déployé des troupes, a de nouveau critiqué la position des Américains en Ukraine, pays qui «s'est retrouvé de facto l'otage d'intérêts étrangers».

La crise est utilisée «pour réanimer l'OTAN comme l'un des éléments clefs de la politique extérieure des États-Unis», a-t-il dit.

Il a en revanche temporisé concernant l'éventuelle adoption de mesures de rétorsion face au renforcement des sanctions occidentales, avertissant que de telles mesures ne devaient pas être prises au détriment de l'économie russe.

Un conseiller du Kremlin, Andreï Belooussov, avait prévenu jeudi que Moscou pourrait restreindre les importations de certaines automobiles ou de produits de consommation comme les vêtements, en plus de l'embargo alimentaire déjà décrété début août.

«Le gouvernement réfléchit bien à cela et prépare des propositions», a déclaré M. Poutine. «S'il arrive à la conclusion que de telles mesures correspondent aux intérêts de notre économie, nous les adopterons. Mais nous ne le ferons pas pour montrer nos muscles et nous faire du tort à nous-mêmes», a-t-il affirmé.

M. Poutine a reconnu que l'embargo alimentaire avait «bien sûr des effets négatifs, mais minimes». Par contre, cette mesure «stimule le développement de notre propre agriculture», a-t-il ajouté.

Les prix de certains produits alimentaires, comme la viande ou le poisson, ont commencé à augmenter depuis l'adoption de cette mesure.

Les sanctions européennes contre Moscou, qui visent notamment à limiter le financement de l'économie russe, au bord de la récession, sont entrées en vigueur vendredi matin avec leur publication au Journal officiel de l'UE. Elles prévoient aussi des mesures ciblées contre 24 personnalités russes et ukrainiennes accusées d'êtres impliquées dans le conflit en Ukraine.

Les États-Unis ont pour leur part ajouté vendredi à leur liste noire plusieurs entreprises russes, dont la principale banque du pays, Sberbank, et Transneft, une des principales sociétés d'acheminement du pétrole dans le monde.

Conséquence immédiate: la monnaie russe est tombée vendredi à un nouveau record de faiblesse face au dollar.