A deux jours du sommet de l'OTAN au Pays de Galles, la Russie a prévenu qu'elle réagirait à la «menace», selon elle, d'un renforcement annoncé de la présence de l'Alliance près de ses frontières, accusant les Occidentaux de jouer l'escalade dans la crise ukrainienne.

Le président américain Barack Obama est de son côté attendu mercredi matin, vers 3h30 GMT, en Estonie, ex-république soviétique balte, avec un objectif: avertir Vladimir Poutine que Moscou doit s'abstenir de s'en prendre aux anciens pays du bloc soviétique désormais membres de l'Alliance, comme elle l'a fait en Ukraine.

Sur le terrain, l'armée ukrainienne a déploré 15 morts en 24 heures dans les combats dans le sud-est de la région de Donetsk, près des localités de Komsomolské, Vassylivka et Rozdolné «où l'on observe des combattants rebelles et des troupes régulières de l'armée russe».

Alors que se multiplient les mises en garde concernant l'éclatement d'un conflit à grande échelle en Europe, le secrétaire-adjoint du Conseil de sécurité russe a annoncé un «ajustement» d'ici à la fin de l'année de la doctrine militaire russe pour prendre en compte l'apparition de nouvelles «menaces».

Mikhaïl Popov a cité les printemps arabes, le conflit en Syrie ainsi que la situation en Ukraine alors que les Occidentaux accusent depuis une semaine la Russie d'y avoir déployé des troupes dans l'est et menacent de riposter avec de nouvelles sanctions.

«Tous les faits témoignent de la volonté des autorités des États-Unis et de l'OTAN de poursuivre leur politique de détérioration des relations avec la Russie», a dénoncé M. Popov.

Ces propos font écho aux projets de l'Alliance atlantique d'adopter lors de son sommet de jeudi et vendredi au Royaume-Uni un plan de réactivité (Readiness action plan, RAP), en réponse à l'attitude de la Russie dans la crise ukrainienne, perçue comme une menace directe par certains membres (États baltes, Pologne, Roumanie, Bulgarie).

Combats près de Marioupol 

Kiev et les Occidentaux accusent Moscou depuis le début du conflit, qui a fait près de 2600 morts en près de cinq mois et forcé plus d'un demi-million d'Ukrainiens à fuir leur foyer, de soutenir les séparatistes de l'est de l'Ukraine en leur fournissant armes et combattants.

Mais les accusations d'intervention militaire directe - démenties par la Russie - se multiplient ces derniers jours, les Occidentaux estimant qu'elle aurait permis aux insurgés prorusses de reprendre une partie du territoire entre leur fief de Donetsk et la côte de la mer d'Azov et de mettre fin à la progression des forces loyalistes.

Les volontaires du bataillon pro-ukrainien Azov ont indiqué mardi avoir repoussé avec les gardes-frontières une tentative de percée des prorusses vers Marioupol, port stratégique ukrainien sur la côte de la mer d'Azov qui relie la frontière russe à la Crimée, annexée par la Russie en mars. Les combats dans le village côtier Bezimenné, à 34 km à l'est de Marioupol, ont fait un mort et un blessé.

A Donetsk, chef-lieu des insurgés, les forces ukrainiennes occupaient toujours le terminal de l'aéroport de Donetsk mardi après avoir abandonné la veille celui de Lougansk, une autre capitale régionale rebelle, mais la pression des séparatistes prorusses se renforçait, ont constaté des journalistes de l'AFP.

Faute de changement de position de Moscou, l'UE a menacé d'introduire dans la semaine de nouvelles sanctions contre l'économie russe, déjà au bord de la récession.

Le Fonds monétaire international (FMI) qui a accordé en avril une ligne de crédit de 17 milliards de dollars pour Kiev, estime que cette aide pourrait s'avérer insuffisante si le conflit devait s'envenimer.

Le FMI prévoit désormais une chute de 6,5% du produit intérieur brut de l'ex-république soviétique, en récession quasi ininterrompue depuis deux ans, et une inflation de 19%.

L'Ukraine attend l'aide de l'OTAN 

L'OTAN, qui estime que la Russie a déployé plus de 1000 hommes en territoire ukrainien, compte pouvoir déployer «en quelques jours» des milliers de soldats des armées de l'air, de terre, et de la marine, appuyées par des forces spéciales, selon son secrétaire général, Anders Fogh Rasmussen.

D'après le New York Times, l'Alliance atlantique veut mettre sur pied une force de 4000 hommes capable de répondre en 48 heures, avec le soutien de certains ex-pays du bloc soviétique comme la Pologne, aux mouvements de troupes russes.

L'Ukraine, qui a relancé son projet d'adhésion à l'OTAN, attend une «aide pratique» et des «décisions cruciales» de l'Alliance atlantique à l'issue du sommet mais les analystes relèvent que les options de l'Alliance sont limitées.

«Nous voulons renforcer la compatibilité de nos forces armées et celles de l'OTAN. Nous oeuvrons pour renforcer la composante militaro-technique», a souligné le chef de la diplomatie ukrainienne Pavlo Klimkine.

Le ministre ukrainien de la Défense, Valéri Guéleteï, a mis en garde contre l'éclatement d'une «grande guerre (...) comme l'Europe n'en a plus connu depuis la deuxième guerre mondiale» avec des pertes se comptant «par milliers voire par dizaines de milliers de morts».