La recherche des dépouilles des victimes de la destruction en vol de l'avion de Malaysia Airlines dans l'est de l'Ukraine a été suspendue jusqu'à nouvel ordre mercredi, pour des raisons de sécurité, a annoncé le premier ministre néerlandais, Mark Rutte.

«Cela n'a aucun sens de poursuivre la mission dans ces conditions», a déclaré M. Rutte au cours d'une conférence de presse. «La situation se dégrade chaque jour dans l'est de l'Ukraine», où forces ukrainiennes et séparatistes prorusses s'affrontent.

Il a en outre indiqué qu'une «grande quantité» d'effets personnels des victimes retrouvés sur place serait transportée jeudi par avion vers les Pays-Bas. Ce sont les premiers objets personnels à être rapatriés.

Une centaine d'experts néerlandais, australiens et malaisiens cherchaient dépouilles et objets appartenant aux victimes depuis quelques jours sur le site de la catastrophe, au milieu des combats.

«Nous devons interrompre la mission, mais nous poursuivrons le travail dès que la situation le permettra», a de son côté déclaré le ministre néerlandais des Affaires étrangères, Frans Timmermans, sur sa page Facebook.

Il a tenu à remercier la population locale, «qui nous a beaucoup aidés, malgré la misère dans laquelle elle se trouve», à rassembler corps et effets personnels des victimes dans les jours qui ont suivi l'écrasement.

Un Boeing de Malaysia Airlines assurant la liaison Amsterdam-Kuala Lumpur a été abattu le 17 juillet par un missile pendant qu'il survolait l'est de l'Ukraine.

La catastrophe aérienne a fait 298 morts au total, dont 193 Néerlandais, 44 Malaisiens et 28 Australiens. Kiev et les Occidentaux accusent les rebelles d'avoir tiré le missile tandis que Moscou et les insurgés montrent Kiev du doigt.

«Peluches, bijoux, appareils photo»

Plus de 200 cercueils contenant des dépouilles ont déjà été envoyés aux Pays-Bas dans les jours ayant suivi la catastrophe aérienne, mais de nombreux restes humains et effets personnels des victimes sont encore sur place.

«Les tensions se font plus fortes et les experts ne peuvent donc pas accomplir leur travail dans certaines zones importantes», a souligné Mark Rutte.

Plus tôt dans la journée, les experts néerlandais chargés de l'enquête sur les causes du drame avaient indiqué que leur rapport préliminaire serait rédigé avec «quelques semaines» de retard en raison de la situation complexe en Ukraine.

À Kiev, le chef de la mission de rapatriement des corps Pieter-Jaap Aalbersberg a indiqué que les experts portaient des gilets pare-balles pendant leurs recherches : «travailler sans interruption a jusqu'à présent été un défi quotidien».

«Grâce au dur labeur de tous, la mission a obtenu des résultats dans des conditions difficiles et dans un bref délai», a dit M. Aalbersberg, cité dans un communiqué.

Certains membres de la mission vont rester dans l'est de l'Ukraine, mais dans des zones contrôlées par Kiev. «Notre équipe est déçue de ne pas pouvoir achever le travail».

M. Aalbersberg a remercié les locaux du «soin et du respect» dont ils ont fait preuve en rassemblant des corps après l'accident. Ils ont aussi permis de retrouver des effets personnels.

Au total, 10 mètres cubes d'effets personnels ont été retrouvés. «Il y a des objets très importants pour les proches des victimes, comme des albums photo, des appareils photo, des bijoux, des journaux intimes, des passeports, des peluches.»