L'écrasement de l'avion malaisien abattu par un missile dans une zone contrôlée par les séparatistes prorusses, pourrait s'assimiler à «un crime de guerre», a déclaré la Haute-commissaire de l'ONU aux droits de l'Homme Navi Pillay.

«Cette violation de la loi internationale compte tenu des circonstances pourrait s'assimiler à un crime de guerre», a déclaré Mme Pillay dans un communiqué publié lundi.

«Tout sera fait» pour que les responsables de ce drame, «quels qu'ils soient, soient traduits en justice», a-t-elle insisté.

«Il est impératif qu'une enquête rapide, minutieuse, efficace et indépendante puisse être menée sur cet événement», a-t-elle ajouté, dans la présentation d'un nouveau rapport sur la situation en Ukraine entre la mi-juin et la mi-juillet.

Pour Carla Del Ponte, ancien procureur du Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie et pour le Rwanda, aujourd'hui membre de la Commission d'enquête indépendante de l'ONU sur les violences en Syrie, le doute n'est guère possible. «C'est certainement un crime de guerre. (...) C'est un acte de guerre qui est incroyable, je n'ai jamais vu ça», a-t-elle déclaré lundi à la radio suisse. «C'est absolument nécessaire qu'une enquête soit faite (...) et surtout que les responsables soient portés en justice», a-t-elle dit.

Le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) a indiqué la semaine passée qu'il considère que les combats en Ukraine constituent une situation de guerre civile, ce qui permet de poursuivre en justice les auteurs d'infractions graves du droit international comme les crimes de guerre devant notamment les tribunaux pénaux internationaux.

L'avion MH17 assurant la liaison Amsterdam-Kuala Lumpur, avec 298 personnes a bord, a été abattu le 17 juillet dans l'est de l'Ukraine, dans une zone contrôlée par les rebelles soutenus par la Russie, accusée par Washington et les Ukrainiens de leur fournir des armes.

Kiev et les Occidentaux ont presque ouvertement accusé les séparatistes et leurs protecteurs au Kremlin d'être responsables du drame.

Les experts internationaux n'ont eu qu'un accès limité au site de l'écrasement contrôlé par les insurgés, critiqués avec virulence dans le monde pour la gestion du site et le traitement réservé aux corps dont des fragments sont toujours éparpillés sur plusieurs kilomètres.

Des groupes armés contrôlés par des Russes

Dans son rapport, le quatrième depuis le début de la crise en Ukraine, l'ONU a dénoncé par ailleurs l'utilisation d'armes lourdes dans les zones d'habitation par les séparatistes prorusses aussi bien que par l'armée ukrainienne. Le rapport fait par ailleurs état de plus de 1100 tués dans des combats dans l'Est depuis la mi-avril.

«Au moins 1129 personnes ont été tuées et 3442, blessées» depuis le déclenchement par Kiev de «l'opération antiterroriste» à la mi-avril, selon les données disponibles au 26 juillet, souligne le rapport. Ces chiffres n'incluent pas les victimes de l'écrasement aérien du MH17, a précisé un porte-parole du Haut-commissariat, Rupert Colville.

Pour un des responsables du Haut-commissariat de l'ONU aux droits de l'Homme, Gianni Magazzeni, chargé de présenter le rapport aux médias à Genève, «il y a eu une grave détérioration de la situation dans les zones de l'est toujours sous contrôle des groupes armés. Cela inclut des enlèvements, des détentions, des cas de torture, des exécutions, qui sont utilisés pour intimider la population qui est souvent prise en otage ou piégées dans ces poches du territoire de Lougansk (est) et de Donetsk (est)». Selon le rapport, 812 personnes ont été enlevées ou détenues par des groupes armés dans ces deux régions depuis la mi-avril.

Le rapport souligne aussi «la professionnalisation des groupes armés de mieux en mieux organisés et équipés militairement» et qui agissent «sous la direction militaire et politique de citoyens de la Fédération de Russie», a-t-il dénoncé.