Menacés de décomposition dans la chaleur de l'été ukrainien, les corps des victimes du crash du vol MH17 ont enfin quitté lundi la zone de la catastrophe, signe potentiel de progrès, mais les pressions sur Moscou n'ont cessé de monter, avec une menace précise de nouvelles sanctions mardi.

Les ministres des Affaires étrangères de l'Union européenne devraient examiner à Bruxelles de nouvelles sanctions, mais sans aller au-delà du durcissement déjà prévu lors du sommet européen du 16 juillet, selon des sources diplomatiques. Pour l'adoption de sanctions économiques de grande ampleur dites «phase 3», il faut l'unanimité des 28 États membres et la convocation d'un nouveau sommet européen.

Le train réfrigéré a finalement quitté la gare de Torez, en zone rebelle, avec les corps de 282 des 298 passagers et membres de l'équipage, en majorité néerlandais, tués quatre jours plus tôt lors de la chute du Boeing malaisien jeudi dernier.

Lundi soir, il se trouvait à Donetsk, d'où il devait repartir pour Kharkiv, ville sous contrôle des  loyalistes, avec une délégation malaisienne.

Les rebelles prorusses ont remis à cette dernière dans la nuit à Donetsk les deux boîtes noires de l'avion de ligne.

Ils ont en même temps annoncé un cessez-le-feu dans un rayon de 10 km autour du site du crash du vol Amsterdam-Kuala Lumpur de Malaysia Airlines pour faciliter l'enquête sur sa chute, due, selon les États-Unis, à un missile tiré depuis leur zone.

«Nous avons décidé de remettre les boîtes noires aux mains des experts malaisiens», a déclaré le «Premier ministre» de la «République populaire de Donetsk» (DNR) autoproclamée, Alexandre Borodaï, devant quelque 150 journalistes assistant à l'événement à une heure du matin au siège des autorités rebelles.

Un expert malaisien a remercié ces dernières. «Nous n'avons pas retrouvé les boîtes noires du vol MH 370 (disparu au-dessus de l'Océan Indien - ndlr) et donc nous sommes contents de pouvoir récupérer celles-ci», a-t-il dit.

«Je vois que les boites noires sont intactes et avec seulement des altérations mineures», a-t-il ajouté.

A Kharkiv, les corps seront examinés avant de repartir par avion pour Amsterdam.

Ils seront remis aux Pays-Bas, tandis que la Malaisie récupère les boîtes noires, a expliqué le Premier ministre malaisien Najib Razak, selon lequel les enquêteurs internationaux auront «un accès sécurisé» à la zone de la catastrophe.

De Kharkiv, les restes humains seront transportés jusqu'à Amsterdam par un C130 néerlandais dans lequel se trouvera aussi l'équipe malaisienne. Ils y seront identifiés, puis remis à leurs familles via les services de leurs pays d'origine.

Menaces de sanctions renforcées 

L'est de l'Ukraine est déchiré depuis plus de trois mois par un conflit armé entre les séparatistes prorusses et les loyalistes, qui accusent Moscou de soutenir les rebelles. Ces derniers sont soupçonnés par Kiev et les Occidentaux d'avoir abattu l'avion de ligne malaisien avec des missiles fournis par la Russie.

Les pressions internationales se sont encore accrues sur Moscou, considéré comme le protecteur des rebelles.

Le Premier ministre britannique David Cameron a appelé l'UE à adopter des sanctions économiques d'envergure contre la Russie et à cesser toute vente d'armes à ce pays, pointant du doigt celles de la France.

Il est «temps (pour l'UE) de commencer à entrer dans la phase 3 des sanctions, donc par exemple je ne pense pas que de futures ventes d'armes de la part de n'importe quel pays d'Europe devraient se poursuivre», a-t-il dit devant la chambre des Communes, la chambre basse du parlement.

Le Conseil de sécurité des Nations unies a adopté lundi une résolution demandant aux séparatistes prorusses de permettre un accès libre et sécurisé au site du crash, de protéger «l'intégrité» du site et de cesser les hostilités dans cette zone.

Le texte, adopté à l'unanimité, y compris donc par la Russie, réclame que les responsables de l'attaque rendent des comptes et demande «à tous les pays et protagonistes dans la région», dont la Russie, de collaborer pleinement à «une enquête internationale complète, minutieuse et indépendante».

Tandis que l'affaire de l'avion malaisien affaiblit de facto la position internationale des rebelles et du Kremlin, l'armée ukrainienne cherche à marquer des points sur le terrain. Un bombardement d'artillerie a été déclenché entre la zone de l'aéroport et la gare de Donetsk lundi matin.

Selon un combattant rebelle interrogé par l'AFP, les forces loyalistes, en provenance de l'aéroport, sont arrivées à environ deux kilomètres de la gare.

Plus à l'est, selon le service de presse de l'«opération antiterroriste», le drapeau national a été hissé à Dzerjinsk, une ville de 35 000 habitants au nord de Donetsk. Dans la région de Lougansk, les forces de Kiev ont repris la localité de Roubijné, poursuivant leur avance vers Severodonetsk et Lysytchansk.