Des frappes aériennes menées dans l'est de l'Ukraine ont détruit un immeuble à logements, mardi, tuant au moins 11 personnes et faisant ainsi augmenter le bilan des civils morts dans les combats entre forces gouvernementales et insurgés prorusses.

Les rebelles ont imputé l'attaque aux forces aériennes ukrainiennes. Le gouvernement a rapidement nié sa responsabilité, mais n'était pas immédiatement en mesure d'offrir une autre explication.

Ce bombardement dans la ville rebelle de Snizhne révèle de quelle façon les frappes aériennes et les tirs de roquettes sont de plus en plus fréquents, alors que le conflit en est à son quatrième mois. L'attaque est survenue au lendemain de la destruction d'un appareil de transport militaire ukrainien, abattu dans des circonstances nébuleuses.

La dévastation à Snizhne porte les traces de tirs de plusieurs missiles, et de l'immeuble, il ne reste plus qu'une pile de débris fumants. Le bâtiment de quatre étages semble avoir été touché à deux endroits différents, provoquant l'effondrement de plusieurs parties. Une maison voisine a aussi été détruite.

Des responsables des services de santé de la région de Donetsk, qui comprend Snizhne, ont fourni le bilan des victimes. Des secouristes ont retiré des décombres un petit enfant aux jambes brisées, alors que des habitants, attristés, fouillaient les débris pour trouver leurs effets personnels. Un journaliste de l'Associated Press a compté six grands cratères d'impact.

Dmitri Timchouk, un analyste militaire qui travaille étroitement avec la Défense ukrainienne, a expliqué que puisque les rebelles n'ont sans doute pas accès à des avions capables de mener de tels bombardements, il ne pouvait y avoir qu'une seule explication: «seule l'aviation russe pourrait avoir mené les frappes contre Snizhne», a-t-il écrit sur son compte Facebook.

La Défense n'est pas allée aussi loin, mais a affirmé que le bombardement n'avait pu être effectué par ses propres forces aériennes, puisqu'aucun appareil n'était en vol au moment des faits. De son côté, le porte-parole du Conseil de sécurité, Andreï Lisenko, a parlé d'une «provocation sanglante et cynique» visant à discréditer les forces armées.

Pour Sergueï, un commandant rebelle se trouvant sur place et ayant refusé de donner son nom de famille, des résidents de l'endroit accusent plutôt le gouvernement ukrainien. «Plusieurs citoyens ont vu l'avion qui a largué la bombe - il portait des cocardes ukrainiennes», a-t-il dit. «Pourquoi l'Ukraine bombarderait son propre territoire, ça, ça m'échappe.»

Aucun bilan fiable du nombre de victimes n'a été publié récemment, mais des centaines de civils auraient déjà perdu la vie depuis le début du conflit. Les autorités ont indiqué mardi que 258 soldats avaient été tués dans des combats, et 922 autres blessés.

Au cours des deux dernières semaines, le gouvernement a réduit de moitié le territoire sous contrôle séparatiste; les rebelles ont dû retraiter au sein des villes de Lougansk et de Donetsk. Plusieurs membres de l'insurrection armée sont des citoyens russes, mais Moscou soutient qu'il s'agit de simples citoyens qui se sont rendus en Ukraine de leur plein gré.

Photo Dmitry Lovetsky, AP