Le numéro de série de ce missile portatif «Strela-2» prouve qu'il vient de Russie : le jeune officier ukrainien montre l'arme sol-air aux visiteurs de l'exposition de matériel pris aux séparatistes prorusses qui s'est ouverte samedi à Kiev.

Son objectif : prouver l'appui offert par la Russie aux insurgés dans l'est de l'Ukraine où les forces de Kiev combattent depuis la mi-avril les rebelles et qui a déjà fait plus de 500 morts.

«Cette arme peut faire beaucoup de morts et seuls des professionnels peuvent l'utiliser», dit Valeri, lieutenant de la Garde nationale, laissant entendre que des militaires ou ex-militaires russes peuvent prêter main-forte aux séparatistes.

Devant le grand musée militaire à ciel ouvert, où des haut-parleurs déversent des chants militaires soviétiques de la IIe guerre mondiale, on trouve tout l'arsenal des rebelles, des chars et autres blindés aux lance-roquettes multiples Grad, ex-orgues de Staline, particulièrement redoutés par les forces ukrainiennes, en passant par des armes antichar.

Vendredi, une salve de roquettes Grad tirée par les rebelles dans la région de Lougansk a coûté la vie à 19 soldats ukrainiens.

Selon les organisateurs de l'exposition, des documents saisis en même temps que les armements montrent que certains viennent des arsenaux de l'armée ukrainienne saisis en Crimée au moment de son rattachement à la Russie en mars, et d'autres directement de Russie.

Ces documents ont été transmis à la justice qui doit procéder à une enquête en bonne et due forme afin qu'ils puissent servir de preuves, explique Valeri.

La primeur de l'exposition a été réservée aux diplomates étrangers en poste à Kiev. Mais elle s'adresse aussi au public ukrainien.

«Le conflit sera long»

«J'en sors convaincu que nos gars sont tués avec des armes russes. Cela fait mal de penser qu'un pays encore récemment appelé frère tue des soldats ukrainiens», dit Iouri Kroujytski, un juriste de Kiev âgé de 53 ans venu voir l'exposition en portant en signe de patriotisme la chemise brodée traditionnelle.

«Après avoir vu tout cela, je pense qu'il faut se battre contre les terroristes jusqu'au bout», ajoute-t-il, empruntant le vocabulaire officiel des autorités servant à désigner les insurgés prorusses. «Une trêve ne ferait que permettre aux combattants de recevoir des renforts de Russie. Nos troupes devraient passer à une phase plus active de l'opération».

À certains autres visiteurs, les armes exposées font peur. «Quand je regarde tout cela, je pense que le conflit sera long si les séparatistes disposent de telles ressources», dit à l'AFP Maryna Serguiyenko, 27 ans.

«Ces derniers jours, il devient très difficile de parler avec des amis en Russie. Ils cherchent à nous convaincre que nous ne comprenons rien à ce qui se passe dans les régions de Donetsk et de Lougansk», poursuit-elle avec tristesse.