Un journaliste de la première chaîne de la télévision publique russe a été tué par balle dans l'est de l'Ukraine, en proie à une insurrection prorusse, a annoncé lundi son employeur, qui a mis en cause les forces ukrainiennes.

Le ministère russe des Affaires étrangères a aussitôt «exigé des autorités ukrainiennes une enquête objective» et dénoncé ce qui, selon Moscou, montre «que les forces ukrainiennes ne veulent manifestement pas de désescalade» et empêchent la mise en oeuvre du cessez-le-feu.

Troisième journaliste russe tué depuis le début du conflit, Anatoli Klian, caméraman de 68 ans, faisait un reportage dimanche soir avec des rebelles aux abords d'une unité militaire ukrainienne de la région de Donetsk, a précisé la chaîne sur son site internet.

«Une fois sur place, des tirs venant du côté des militaires ont retenti. Anatoli Klian a été mortellement blessé au ventre», a ajouté la chaîne de télévision.

Le Comité d'enquête, organisme chargé des principales affaires en Russie, a aussitôt annoncé l'ouverture d'une enquête pour «recours à des moyens et méthodes de guerre interdits» et «meurtre d'une personne en liaison avec ses activités» professionnelles.

Anatoli Klian «est une nouvelle victime des autorités ukrainiennes qui ignorent sans vergogne les normes internationales de défense de la population en période de conflit», a affirmé l'organisme russe.

Côté ukrainien, le parquet de Donetsk a ouvert une enquête pour «assassinat», tandis que le porte-parole du Conseil national de sécurité et de défense, Andreï Lysenko, a souligné à Kiev que l'Ukraine ne garantissait la sécurité que des journalistes accrédités auprès de ses services.

Anatoli Klian était accrédité auprès de la «République populaire de Donetsk», proclamée par les séparatistes.

«Dans la zone de l'opération antiterroriste, les journalistes accrédités auprès du SBU (services spéciaux ukrainiens - NDLR) travaillent côte à côte avec les soldats ukrainiens. Ceux-ci font tout pour assurer la sécurité de leur travail», a dit M. Lysenko, cité par Interfax-Ukraine.

À Paris, le ministère des Affaires étrangères a déploré la mort du caméraman.

«Nous présentons nos condoléances à sa famille et ses proches et exprimons notre solidarité avec la rédaction du Pervy Kanal (télévision russe)», a dit le porte-parole du Quai d'Orsay, Romain Nadal. Il a rendu hommage «au courage des journalistes qui continuent d'exercer leur mission partout dans le monde en dépit des dangers».

Le journaliste travaillait depuis 40 ans pour la télévision russe et avait fait de nombreuses missions sur des terrains difficiles, selon son employeur.

Le conducteur du car à bord duquel se trouvaient les journalistes a été blessé et se trouvait lundi matin à l'hôpital, a précisé une reporter de la chaîne de télévision publique russe d'information Russie 24.

Le 17 juin, deux journalistes de la télévision publique russe avaient été tués dans la région voisine de Lougansk et leur employeur avait imputé leur mort à des tirs de mortier des forces ukrainiennes.

Le photographe italien Andrea Rocchelli avait été tué près de Slaviansk fin mai, ainsi que son assistant russe Andreï Mironov.