Le ministre russe des Affaires étrangères a accusé les États-Unis, samedi, d'encourager l'Ukraine à défier la Russie et d'exercer de fortes pressions sur l'Union européenne.

S'exprimant à la télévision russe, Sergueï Lavrov a déclaré que «nos collègues américains préfèrent encore pousser le leadership ukrainien vers la confrontation». Les chances de régler la crise en Ukraine seraient plus élevées s'il n'en tenait qu'à l'Europe et à la Russie, a-t-il ajouté.

M. Lavrov s'exprimait après le sommet de l'Union européenne tenu vendredi, au cours duquel l'UE a décidé de ne pas immédiatement imposer de nouvelles sanctions à la Russie pour avoir déstabilisé l'est de l'Ukraine, tout en donnant à Moscou et aux insurgés prorusses jusqu'à lundi pour faire des gestes concrets afin d'améliorer la situation.

Vendredi, l'Ukraine a signé un accord de libre-échange avec l'UE, la même entente que le précédent président ukrainien, Viktor Ianoukovitch, avait laissé tomber en novembre sous pression du Kremlin, déclenchant d'importantes manifestations qui ont fini par mener au renversement de son gouvernement. Moscou a répliqué en annexant la Crimée majoritairement russophone en mars, et une insurrection prorusse dans l'est de l'Ukraine a éclaté le mois suivant, menant à la pire dégradation des relations entre la Russie et les pays occidentaux depuis la fin de la guerre froide.

Vendredi, toujours, les leaders européens ont affirmé que la Russie et les rebelles prorusses devaient procéder à une désescalade, entre autres en libérant tous les prisonniers, en abandonnant certains postes-frontière, en s'entendant sur une façon d'assurer le respect du cessez-le-feu et en entamant des «négociations substantielles» à propos du plan de paix du président ukrainien Petro Porochenko.

Le cessez-le-feu, que les deux camps s'accusent mutuellement d'avoir violé, a pris fin vendredi à 22 h (14 h, heure de Montréal), mais le président l'a rapidement prolongé jusqu'à lundi soir.

Un leader des insurgés, Alexander Borodaï, a promis de le respecter après les négociations de vendredi impliquant le gouvernement ukrainien, l'ambassadeur russe et un délégué de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE).

Il a toutefois rejeté la demande européenne de céder trois postes-frontière voisins de la Russie, mais a plutôt invité l'OSCE à dépêcher des observateurs dans ces endroits, en plus d'autres zones de l'est de l'Ukraine.

Des responsables russes ont affirmé que plusieurs obus ukrainiens étaient tombés en territoire russe samedi matin, et un éclat aurait touché un poste-frontière du côté russe, sans toutefois faire de blessé.

Dans le cadre de son plan de paix, M. Porochenko a également présenté un ensemble d'amendements constitutionnels visant à donner plus de pouvoirs aux régions, et permettre aux autorités locales d'avoir leur mot à dire sur des questions liées à la langue et à la culture.